Iberia veut regagner sa place en Amérique latine

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éroport de Madrid-Barajas, le 18 février 2013 (Photo : Pedro Armestre)

[07/01/2015 11:27:14] Madrid (AFP) Iberia renaît de ses cendres après des années de pertes et une lourde restructuration, mais la compagnie aérienne espagnole est désormais engagée dans un duel avec Air France-KLM sur son marché historique, l’Amérique latine.

Très mal en point, elle avait dû fermer au printemps 2013 plusieurs lignes non rentables vers ce continent, avec l’objectif d’arrêter de perdre de l’argent.

Pour les résultats 2014, son président Luis Gallego a promis que la société dégagerait un bénéfice opérationnel, après cinq exercices successifs dans le rouge.

Iberia a déjà réduit sa perte à 166 millions d’euros en 2013, après 351 millions l’année précédente. Willie Walsh, le directeur général de sa maison mère IAG ne voit pas de raison qu'”Iberia ne génère pas, avec le temps, les mêmes marges de rentabilité que British Airways”, aussi contrôlée par la holding britannique.

L’Espagnole veut à présent reconquérir son titre de numéro un sur les dessertes Europe-Amérique latine, perdu au profit de sa concurrente franco-néerlandaise Air France-KLM, selon son plan stratégique à horizon 2020 dévoilé en décembre.

Iberia a arrêté de desservir il y a deux ans Cuba, la République dominicaine, Porto Rico et l’Uruguay, faute de gagner de l’argent sur ces liaisons.

Cette mesure s’inscrivait dans un plan d’économies plus large, comprenant la création d’une filiale à bas coûts pour ses vols court et moyen-courriers et 5.500 départs prévus entre 2013 et 2017 sur un total de 18.000 salariés.

– Air France à l’affût –

Le terrain abandonné par Iberia n’est pas resté vacant longtemps. Au printemps 2013, Air France inaugurait une liaison entre Paris et Montevideo (Uruguay).

Iberia “a abandonné des liaisons, tandis que nous avons la ferme intention d’être présent sur ces marchés”, expliquait en juin le PDG de la compagnie aérienne française Frédéric Gagey dans une interview à la presse espagnole.

De fait Air France-KLM a une part de marché de près de 20% entre l’Europe et l’Amérique du Sud, devant Iberia avec 18%, selon les données de la compagnie espagnole.

“2015 continuera à être une année de développement dans cette zone avec l’ouverture de liaisons vers Bogota et Cali par KLM”, a déclaré à l’AFP Zoran Jelkic, directeur général du groupe franco-néerlandais pour l’Amérique latine.

Le continent sud-américain est important pour les compagnies aériennes européennes car “c’est une des dernières régions où leur poids est supérieur à celui de leurs concurrentes” avec une part de marché de 60%, constate Loïc Sabatier, analyste chez la banque Main First.

Iberia n’a donc dit son dernier mot. L’enjeu est d’autant plus important que le trafic entre l’Europe et l’Amérique latine devrait croître plus vite que dans d’autres zones et qu’Iberia n’est pas présente en Asie, explique Loïc Sabatier.

La première compagnie à avoir relié l’Europe à l’Amérique latine dans les années 1940 a repris en septembre ses vols vers Montevideo et Saint-Domingue, après s’être dotée d’avions moins gourmands en carburant et réduit les salaires. Elle dessert aujourd’hui 16 destinations sur le continent, explique une porte-parole.

Iberia compte sur l’importante communauté sud-américaine vivant en Espagne et sur les déplacements professionnels pour remplir ses classes économiques et surtout affaires et premières, plus rentables. Plus de 11.000 personnes voyagent chaque jour entre l’Espagne et ce continent, selon ses calculs, contre 6.800 depuis la France et 2.000 depuis les Pays-Bas.

Autre avantage, l’ancienneté de sa présence sur le continent lui assure un nombre important de créneaux horaires pour faire voler ses avions, relève Loïc Sabatier.

“L’objectif d’IAG est de faire de Madrid un hub puissant vers l’Amérique latine, tandis que Londres se concentre sur l’Amérique du Nord”, poursuit l’analyste de Main First. Iberia espère relancer l’activité de sa plateforme principale, qui a vu fondre le nombre de voyageurs accueillis ces dernières années, confirme un de ses dirigeants.