Un TGV en gare de Belfort, le 22 mars 2013 (Photo : Sebastien Bozon) |
[07/01/2015 15:57:32] Paris (AFP) Plus d’un millier de suppressions de postes en 2015 à la SNCF ont été annoncées mercredi au comité central d’entreprise, qui a voté contre ce budget “d’austérité”, contradictoire pour les syndicats avec l’ambition d’améliorer le service aux usagers.
Selon l’Unsa et la CFDT, les membres du CCE ont “voté unanimement contre” le projet de budget qui doit maintenant être soumis jeudi au conseil d’administration.
Il s’agit du premier budget de la SNCF post-réforme ferroviaire, réunie depuis le 1er janvier avec Réseau Ferré de France, le gestionnaire du réseau dont elle était séparée depuis 1997.
Dans la nouvelle organisation, SNCF Mobilités, l’opérateur ferroviaire, et l’établissement de tête perdront en 2015 environ 1.600 postes et SNCF Réseau, en charge de l’infrastructure, en gagnera 500.
Soit une balance négative d’environ 1.100 postes (-0,7%) en effectifs budgétaires moyens nets (sur 148.985 temps plein budgétés estimés fin 2014).
En 2014, le budget tablait sur 1.400 suppressions de postes (900 en tenant compte des embauches d’emplois d’avenir). Les trois quarts (-1.085) ont été réalisées, selon la dernière estimation.
“C’est un budget d’austérité, qui clairement ne permet pas d’assumer les ambitions”, a commenté M. Dillenseger. Un “budget difficile, très contraint, ne répondant pas aux enjeux” pour son collègue Rémi Aufrère, représentant CFDT au CCE.
Les deux estiment que 500 créations de postes pour rénover les voies, priorité du groupe, “ça ne suffit pas”, au moins “le double” étant, selon eux, nécessaire.
Selon M. Dillenseger, les suppressions annoncées dans la branche chargée du transport vont en outre “entraîner une dégradation du service”. “Dans une période où il y a de réelles attentes d’amélioration de la part des usagers, on réduit les moyens”, s’indigne-t-il.
– 25.000 postes en moins en 10 ans –
M. Aufrère (CFDT) dénonce pour sa part “les contradictions de l’Etat qui proteste contre l’augmentation des tarifs mais a augmenté la TVA, nous oblige à un haut niveau de marges opérationnelles et ne nous donne pas les ressources”.
Le budget prévoit une augmentation de la masse salariale de +1,9% en 2015, après 2,6% l’an dernier, selon l’Unsa.
Pour l’entreprise publique, contenir la masse salariale est une gageure. Si la compagnie a réduit d’année en année les effectifs en ne remplaçant par tous les départs en retraite, la masse des rémunérations et cotisations a, elle, continué d’augmenter: +1,3 milliard d’euros entre 2003 et 2013, malgré 25.000 départs sur la même période.
Cette situation s’explique notamment par le gonflement continu du nombre de cheminots âgés, les mieux payés, du fait de la progression automatique des carrières et du recul de leur âge de départ à la retraite.
Ce CCE a également été l’occasion d’un “débat sur l’augmentation des tarifs”, critiquée par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, selon M. Dillenseger.
Au 31 décembre 2014, le prix des billets a été relevé jusqu’à 2,6%, selon le type de train et de billet mais “en réalité la hausse moyenne est de 0,5%, proche de l’inflation”, a ajouté le syndicaliste en estimant que Mme Royal avait lancé “une polémique inutile et déplorable”.
Pour la CGT, tant les cheminots que les usagers “paient” avec ce budget “la réforme non financée du ferroviaire”. Le premier syndicat de la SNCF manifestera sa désapprobation le 29 janvier à Paris, mais sans appeler à la grève.
L’Unsa comme la CFDT ont d’ores et déjà prévenu qu’elles ne s’associaient pas à cette action. SUD-rail doit donner jeudi sa position.
L’harmonisation des règles de travail des cheminots (sécurité, repos, etc.) prévue par la réforme, et le souhait du patron de la SNCF de parallèlement “remettre à plat l’organisation du travail” à la SNCF, pourrait cependant donner aux syndicats l’occasion de serrer les coudes en 2015. Depuis la grève menée en juin par la CGT et SUD contre la réforme, ils sont profondément divisés.
La réforme, entrée en vigueur au 1er janvier, vise notamment à préparer la SNCF à l’ouverture totale à la concurrence en 2022.