Grèce : contre-offensive de Syriza face aux scénarios catastrophe

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ête des sondages, le 3 janvier 2015 à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis)

[07/01/2015 16:17:02] Athènes (AFP) Le parti de gauche Syriza, donné favori aux législatives grecques fin janvier, a riposté aux scénarios “alarmistes”, venus surtout de Berlin, allant jusqu?à prédire une sortie de la Grèce de l’euro, en réaffirmant son arrimage à la monnaie unique et sa volonté de réformes.

“Si vous lisez l’ensemble des déclarations (contre le Syriza) en Grèce et à l’étranger, c’est la Nouvelle-Démocratie (droite grecque au pouvoir, ndlr) qui met le feu aux poudres et crée un climat alarmiste”, a indiqué mercredi le porte-parole du Syriza, Panos Skourletis, à la radio Parapolitika FM en soulignant que cette panique “sert d’argument à la droite pour sa campagne électorale”.

Après les allégations de l’hebdomadaire allemand Spiegel, c’est le quotidien populiste Bild qui a pris le relais mercredi en affirmant, sans source directe, que Berlin “se prépare concrètement” à la possibilité d’une sortie de la Grèce de l’euro en cas de victoire de la gauche radicale, le 25 janvier.

Plusieurs responsables politiques européens sont montés au créneau depuis mardi pour rejeter toute éventualité d’une sortie de la Grèce de l’euro. Syriza envoie régulièrement aux journalistes une revue de presse des déclarations de responsables étrangers battant en brèche les discours des Cassandre.

“La désinformation et les positions hostiles contre le Syriza n’ont pas leurs origines à l’étranger mais dans les cercles de certains intérêts économiques à l’intérieur du pays qui ont peur de perdre leurs privilèges”, a affirmé à l’AFP Yannis Balafas, membre du comité central du Syriza.

Réitérant que le Syriza est “en faveur du maintien du pays dans la zone euro”, cet économiste qui a aussi participé à l’élaboration du programme du parti, dénonce “la non transparence et la corruption dans certains secteurs de l’économie du pays qui favorisent les monopoles et entravent la concurrence”.

-Lutte contre les “oligarques”-

Le rôle de certains entrepreneurs “oligarques dans les secteurs des travaux publics ou des médias privés, liés politiquement au pouvoir” devrait être réduit pour promouvoir la compétition, a déclaré Georges Stathakis, député du Syriza, dans un entretien paru mercredi au quotidien britannique des affaires, Financial Times.

Prônant la fin des politiques d’austérité qui ont provoqué l’explosion du chômage depuis 2010, lors du début de la crise grecque, le Syriza continue de faire peur aux investisseurs qui craignent que le parti rejettent les réformes réclamées par les créanciers, UE et FMI.

“Le Syriza a fait preuve d’adaptation dans la perspective d’assumer le pouvoir… nous ne sommes plus un parti à 4% (des suffrages, ndlr)”, comme en 2010, reconnaît Yannis Balafas.

Il assure que le Syriza “va lutter contre le clientélisme et la corruption dans le secteur public, mettre en place un programme de restructuration de l’économie, annuler certaines lois dictées par les créanciers qui ont conduit à la récession et entamer la négociation pour la réduction de la dette publique”.

Les investisseurs restaient encore nerveux mercredi: le taux d’emprunt à 10 ans de la Grèce est passé mercredi au-dessus du seuil symbolique des 10%, atteignant 10,626% à 14H45 GMT, privant de facto le pays de tout accès aux marchés d’emprunt à long terme, comme ce fut le cas entre 2009 et début 2014.

La Bourse d’Athènes a terminé sa séance dans le rouge, cédant 1,46%, mais avec des pertes beaucoup plus limitées que lundi.

“C’est Syriza qui porte la plus grande responsabilité de la réaction négative des marchés car son discours fait peur”, affirme à l’AFP Thanos Niforos, conseiller du groupe financier Independent Contractor.

Il a toutefois rejeté les spéculations sur la sortie de la Grèce de l’euro “car cela n’est au profit ni de la Grèce ni de l’Europe”.

L’économiste Panagiotis Petrakis, professeur à l’université d’Athènes, juge faible la marge du parti de gauche: “Syriza sera contraint de se conformer aux demandes de l’UE et du FMI”, estime-t-il mais non sans retombées pour l’économie du pays car si les négociations avec les créanciers prennent du retard, “cela aura un impact négatif à la croissance”, prévue à 3% en 2015.