ésident américain Barack Obama à la Maison Blanche à Washington le 6 janvier 2015 (Photo : Saul Loeb) |
[07/01/2015 17:23:33] Washington (AFP) L’économie américaine va mieux et Barack Obama veut que cela se sache: il sillonne les Etats-Unis pour mettre en avant des chiffres encourageants, en espérant que l’évolution de sa cote de popularité se rapproche, un peu, de celle de la courbe de l’emploi.
L’année 2015 s’annonce difficile sur le front politique pour le président américain: le 114e Congrès de l’histoire, qui a pris ses fonctions mardi, est désormais fermement contrôlé par ses adversaires républicains.
Les yeux rivés vers l’élection présidentielle de 2016, ces derniers ont promis d’être combatifs sur des sujets érigés en priorités tels que l’énergie ou l’assurance maladie.
Sur le front économique, en revanche, M. Obama aura la partie plus facile et le sait: “Prenez l’indicateur que vous voulez, le renouveau de l’Amérique est réel”, lançait-il fin décembre avant de partir en vacances.
Les chiffres sont là . Au moment où le Japon est en récession et où la zone euro se débat avec une croissance poussive, la première économie mondiale affiche une santé insolente: hausse de 5% du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre en rythme annualisé, un bond jamais enregistré depuis onze ans. Le chômage est désormais sous la barre des 6%, le moral des ménages est à son plus haut niveau depuis près de sept ans.
Dans ce contexte, M. Obama entamait mercredi une série de déplacements conçus comme une montée en puissance vers le 20 janvier, date de son discours sur l’Etat de l’Union, moment important de la vie politique américaine au cours duquel le président décline ses priorités pour l’année à venir devant les élus du pays.
Il se rendra mercredi après-midi dans une usine Ford à Wayne, dans le Michigan (nord), pour un discours centré sur la renaissance du secteur automobile. Jeudi, il s’exprimera depuis un lycée à Phoenix, en Arizona (sud-ouest), où il annoncera de nouvelles mesures pour aider un plus grand nombre “à atteindre le rêve américain de posséder une maison”. Vendredi, il prononcera un discours dans une université à Knoxville, dans le Tennessee (sud) sur l’éducation.
– Sourd au message des électeurs ? –
M. Obama entend s’appuyer sur un léger rebond de sa cote de popularité: longtemps scotchée autour de la barre des 40%, elle est repartie à la hausse. Selon le dernier sondage Gallup, 48% des Américains approuvent son travail, un chiffre qu’il n’avait pas connu depuis l’été 2013.
Dans un entretien au quotidien Detroit News publié mercredi, il met en avant les décisions prises quelques semaines après son arrivée à la Maison Blanche, en 2009, qui ont permis aux constructeurs automobiles américains de “revenir dans le jeu”. Il souligne en particulier les conditions dans lesquelles il a choisi, début 2009, de renflouer Chrysler sous conditions alors que certains de ses conseillers lui suggéraient de se concentrer uniquement sur GM et Ford.
Cette stratégie de communication de la Maison Blanche, qui évoque une reprise “qui suscite l’envie du monde entier”, renvoie à une question ancienne: quelle est l’influence réelle de l’occupant de la Maison Blanche sur l’état de santé de l’économie américaine ?
“La réponse classique chez les économistes, en tout cas quand ils ne font pas de politique, est: pas énorme”, souligne le Prix Nobel d’économie Paul Krugman, tout en suggérant qu’elle pourrait être légèrement différente dans le cas présent.
“Le président est-il responsable de l’accélération de la reprise ? Non”, tranche-t-il dans une chronique publiée dans le New York Times. “Pouvons-nous cependant dire que nous sommes dans une meilleure position que si la Maison Blanche avait été occupée par un l’autre parti ? Oui”, ajoute-t-il, citant en particulier l’impact du plan de relance.
Pour l’heure, les républicains accusent le président de rester sourd au message des électeurs qui ont infligé un cinglant revers aux démocrates lors des élections législatives de novembre.
Mitch McConnell, nouveau chef de la majorité au Sénat, reconnaît du bout des lèvres que les chiffres récents sont encourageants. “Après des années de faible croissance, nous voyons enfin certains indicateurs économiques qui offrent une lueur d’espoir”, a-t-il déclaré mercredi au Congrès.
Mais le leader républicain a aussitôt souligné avec malice, sans pour autant aller jusqu’à établir un lien de cause à effet, que ces bonnes nouvelles coïncidaient “avec le principal changement politique” depuis l’arrivée d’Obama à la Maison Blanche: un nouveau Congrès aux mains des républicains.