Cancers : Roche veut prendre le contrôle de l’américain Foundation Medicine

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à Bâle le 1er février 2012 (Photo : Sebastien Bozon)

[12/01/2015 12:51:45] Zurich (AFP) Le groupe pharmaceutique suisse Roche va investir plus d’un milliard de dollars pour prendre le contrôle de la société américaine Foundation Medecine (FMI) dans le cadre d’une coopération stratégique dans les traitements personnalisés en oncologie.

Le groupe suisse prévoit d’acquérir jusqu’à 56,3% des parts de l’entreprise américaine en faisant une offre à ses actionnaires à 50 dollars par titre, soit environ 780 millions de dollars (657,7 millions d’euros), a-t-il indiqué dans un communiqué.

Elle fait ressortir une prime de 109% par rapport au cours de clôture vendredi dernier de l’action FMI.

S’y ajoutera le rachat de 5 millions de nouvelles actions FMI représentant un montant de 250 millions de dollars.

La transaction a été approuvée à l’unanimité par les membres du conseil d’administration de FMI, a précisé Roche, qui s’attend à ce que l’opération soit finalisée durant le deuxième trimestre.

Elle devra cependant être avalisée par les actionnaires du groupe ainsi que les autorités de la concurrence.

Third Rock Ventures, Kleiner Perkins Caufield & Byers ainsi que Google ventures, trois actionnaires qui représentent ensemble 31% des parts, ont d’ores et déjà conclu un accord de soutien dans lequel il se sont engagés à apporter au moins la majorité de leurs participations, a toutefois souligné Roche.

Dans le cadre de cette collaboration, le groupe suisse prévoit de soutenir financièrement les activités de recherche et de développement de FMI à hauteur de 150 millions de dollars pendant au moins cinq ans afin de stimuler le développement de nouveaux produits.

La transaction comporte également un volet commercial, Roche obtenant les droits pour les produits existants de FMI en dehors des États-Unis, ainsi que pour les produits développés ensemble.

Cotée au Nasdaq, Foundation Medicine est spécialisée dans l’information moléculaire et mène des recherches sur les changements du génome qui contribue au caractère unique de chaque cancer d’un patient à l’autre.

Les informations moléculaires et l’analyse génomique jouent un rôle de plus en plus important pour les médicaments et les diagnostics, en particulier pour le traitement des cancers, a souligné Roche. Elles permettent au médecin d’obtenir des informations sur les caractéristiques des tumeurs, avec à la clé des options thérapeutiques ciblées.

“Nous sommes très satisfaits d’entamer cette collaboration avec FMI qui à la potentiel d’améliorer à la fois le développement des médicaments et le soin des patients”, a déclaré Daniel O’Day, directeur des opérations de Roche Pharma, cité dans un communiqué.

En pratique, la direction de l’entreprise basée à Cambridge, dans le Massachusetts, sera maintenu en place et continuera de travailler de manière indépendante. Le conseil d’administration sera élargi, Roche y obtenant trois sièges sur neuf.

L’accord prévoit cependant une collaboration entre les deux entreprises, notamment au niveau des essais cliniques.

A 12H05 GMT, Roche grimpe de 2,09% à 283,90 francs suisses, soutenant l’indice SMI des valeurs vedettes de la place suisse, qui gagne 0,87%.

Dans une note, Odile Rundquist, analyste chez Baader Helvea, a estimé que cette collaboration était “positive” pour Roche, et allait permettre aux deux sociétés de capitaliser sur leurs forces pour faire avancer les traitements personnalisés en oncologie.

“Le marché de l’oncologie évolue rapidement”, a-t-elle toutefois nuancé, notant que la pression concurrentielle ne cessait de s’accroître en particulier en immuno-oncologie, “tandis que la médecine personnalisée rend le domaine de l’oncologie dans son ensemble plus segmenté, limitant potentiellement la part de marché pour Roche”.

Les analystes de la banque cantonale de Zurich ont pour leur part jugé que le potentiel commercial de cette transaction était pour l’instant difficile à évaluer, remarquant toutefois que Roche était “prêt à payer une prime élevée” pour mettre la main sur la majorité du capital.