Parce que les entreprises se plaignent de la faible formation des diplômés de l’université, notamment en matière de langue, le ministère de la Formation professionnelle a lancé un programme-pilote de formation de 2.000 étudiants en anglais et en français, dont la conduite a été confiée à la société Aster Training (Poulina Group Holding).
Pour pouvoir travailler, il faut savoir communiquer. Et en Tunisie il faut savoir le faire dans les langues étrangères, notamment l’anglais et, à un degré moindre, le français. Or, dans notre pays, les diplômés de l’université ne savent généralement pas le faire, déplore le ministre de la Formation professionnelle. «Ils ne sont pas faibles seulement en anglais et en français, mais également en arabe», insiste Hafedh Laamouri, lors du lancement, lundi 12 janvier 2015, et en présence de Abdelwaheb Ben Ayed, président de Poulina Group Holding, du programme pilote de formation des diplômés du supérieur dans les langues anglaise et française.
Admettant qu’un grand nombre d’entreprises se plaignent de «la faiblesse de la formation des demandeurs d’emplois et notamment des diplômés de l’université, plus particulièrement en matière de langues», le ministre prône l’indulgence à l’égard des diplômés du supérieur.
En effet, le ministre de la Formation professionnelle dit aux entreprises d’«être patientes parce que ce sont (les étudiants) des victimes d’un système éducatif» où l’on multipliait «les expériences non étudiées».
Mais M. Laamouri explique que «les entreprises demandent un minimum de maîtrise de langues et de capacité de communiquer». Et est convaincu que «les langues sont nécessaires et incontournables, parce qu’on trouve beaucoup d’entreprises étrangères dans le tissu économique tunisien» et «même les entreprises étrangères ont besoin de langues parce qu’elles communiquent avec l’étranger».
D’ailleurs, comme l’expérience le démontre, ce déficit en matière de langues fait perdre aux demandeurs d’emplois et, partant, au pays, de nombreuses opportunités. «La langue anglaise est devenue un véritable obstacle pour l’emploi des diplômés de l’université» en Tunisie, mais également ailleurs, notamment dans les pays du Golfe.
En effet, lorsqu’ils viennent en Tunisie pour y recruter, les recruteurs de ces pays n’arrivent généralement à satisfaire qu’une part infime de leurs besoins. «Ils viennent pour recruter 1.000 personnes mais n’en trouvent que 100», regrette le ministre de la Formation professionnelle. Car les candidats ne maîtrisent pas l’anglais qui constitue un incontournable pré-requis dans ces pays.
Aussi, le gouvernement a-t-il décidé, enfin, de prendre le taureau par les cornes en mettant en place un programme de formation en langues pour améliorer l’employabilité des diplômés de l’université.
«On va commencer par l’anglais –et le français- pour les 15-20 ans à venir. Mais lorsque l’économie chinoise deviendra dominante, on mettra en place une formation en chinois», affirme le ministre de la Formation professionnelle.
Le programme-pilote dont la réalisation a été confiée –par voie d’appel d’offres- à Aster Traning (filiale de Poulina Group Holding) concerne 2.000 étudiants du Grand Tunis. Mais, assure M. Laamouri, «nous sommes décidés à étendre l’expérience à tout le pays pour satisfaire les besoins de tous les demandeurs d’emplois».