L’industrie allemande se lance dans des négociations salariales tendues

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à Salzgitter en Allemagne le 13 mars 2013 (Photo : Jochen Luebke)

[14/01/2015 06:45:20] Berlin (AFP) Le puissant syndicat allemand IG Metall tentera à partir de mercredi d’arracher des hausses de salaires pour près de 4 millions de salariés de la métallurgie et de l’électrotechnique, dans des négociations qui s’annoncent tendues dans un contexte économique incertain.

“On n’a pas l’air de se diriger vers un accord rapide avec le patronat”, a prévenu d’emblée Knut Giesler, responsable IG Metall de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans le magazine Wirtschaftswoche.

5,5% sur un an, telle est la demande d’augmentation avec laquelle IG Metall, plus grand syndicat d’Allemagne, arrive à la table des négociations, face à Gesamtmetall, la fédération patronale d’un vaste secteur qui va de l’automobile à l’électroménager, des machines-outils à l’électronique.

La revendication syndicale est la même qu’il y a deux ans lors des négociations du précédent accord salarial, arrivé à échéance le 31 décembre. Une requête finalement satisfaite à l’époque mais avec un étalement sur vingt mois, et au prix de plusieurs grèves d’avertissement.

Cette fois-ci, la menace de grève est d’emblée agitée. “Nous allons devoir nous battre durement pour faire passer nos revendications”, a prévenu Hartmut Meine, à la tête de la section IG Metall pour deux régions du centre de l’Allemagne.

Le pays a déjà été perturbé avant Noël par les grèves à répétition des pilotes de la compagnie aérienne Lufthansa et des conducteurs de trains.

Mais pour les métallos l’heure est d’abord au dialogue. Une “trêve” initiale est fixée jusqu?au 28 janvier, le temps de lancer les négociations dans un ballet parfaitement rodé. Les discussions sont menées au niveau de chaque région, avec un démarrage mercredi en Bavière et Bade-Wurtemberg, deux régions qui généralement donnent le ton. Les autres suivront jeudi ou vendredi.

Traditionnellement, le premier accord trouvé dans une région est ensuite validé par les autres, aucune négociation n’étant menée directement au niveau national.

Plus grosse entreprise du secteur, avec ses 115.000 employés, Volkswagen mène ses propres négociations.

– Repousser la déflation –

Pour l’heure, chacun fourbit ses arguments: le patronat agite le spectre de la crise économique, les syndicats rétorquent que, malgré un coup de mou à l’été, l’économie allemande va croître cette année, de 1,2% selon les principaux instituts économiques allemands, un rythme semblable à 2014.

“Il n’y a pas beaucoup (d’argent) à distribuer, comme le montrent les prévisions de croissance. Nous devons donc être très attentifs à ne pas surcharger les entreprises”, a réclamé le président de Gesamtmetall Rainer Dulger au journal “Neue Osnabrücker Zeitung”. Il table sur une croissance de 1,5% maximum de la production de la branche en 2015, un peu moins qu’en 2014.

“Nos revendications sont tout à fait raisonnables et payables pour les entreprises”, lui répond Jörg Hofmann d’IG Metall, jugeant “juste que les salariés soient associés à la prospérité qu’ils ont contribué à créer”.

Pour le patronat, les exigences d’IG Metall sont d’autant plus irréalistes que l’inflation est au plus bas. Le syndicat, à l’inverse, voit dans une hausse des salaires un moyen de repousser le spectre de la déflation.

L’Allemagne, qui a vécu une longue période d’austérité salariale dans les années 2000, reçoit régulièrement des appels du pied, pour beaucoup de la France, mais aussi du Fonds monétaire international (FMI), à augmenter ses salaires, pour réduire son avantage de compétitivité par rapport à ses voisins et stimuler la consommation privée. Celle-ci a déjà supplanté l’export comme principal relais de croissance du pays.

Depuis janvier, ce sont déjà quelque 3,7 millions de personnes qui ont vu leur salaire augmenter avec l’instauration d’un salaire minimum généralisé à 8,50 euros bruts de l’heure.

L’accord salarial dans la métallurgie sert souvent d’étalon pour les négociations à venir dans les autres secteurs, comme celles des services publics qui débuteront mi-février, de la chimie et du commerce de détail.