ôle emploi le 27 août 2014 à Armentières (Photo : Philippe Huguen) |
[16/01/2015 14:07:13] Paris (AFP) Plus de chômeurs et plus de déficits pour l’assurance chômage: l’Unedic, organisme gestionnaire du régime, voit rouge pour l’année 2015, conséquence d’une “reprise plus tardive que prévu”.
L’organisme paritaire anticipe, dans ses dernières prévisions publiées vendredi, 104.000 chômeurs sans activité supplémentaire en métropole en 2015. Cela correspond malgré tout à un ralentissement de la hausse, après une année 2014 qui aura vu affluer 182.000 demandeurs d’emploi supplémentaires, selon l’organisme.
A fin novembre, Pôle emploi dénombrait déjà 181.000 nouveaux chômeurs, pour un record de 3,49 millions en métropole.
L’Unédic est plus pessimiste que lors de ses précédentes prévisions publiées fin septembre. Elle tablait alors sur 150.000 demandeurs d’emploi supplémentaires en 2014 et 96.000 en 2015.
Cette dégradation est due à des “anticipations de conjoncture revues à la baisse”, explique l’Unedic dans un communiqué. Ces projections se basent sur une croissance revue à 0,4% pour 2014 et 0,8% pour 2015. Le gouvernement, lui, prévoit 1% cette année.
Conséquence: le chômage au sens du bureau international du travail (BIT) “poursuivrait sa hausse jusqu’à la fin de l’année 2015”, pour “s’établir à 10,3%” de la population active métropolitaine, prévoit l’Unédic. Ce taux était de 9,9% au 3e trimestre 2014, selon l’Insee.
“La faible croissance limiterait la progression de l’emploi total, qui serait alors insuffisante pour compenser la hausse de la population active”, analyse l’organisme, qui prévoit tout de même 23.000 créations nettes d’emploi en 2015, après -79.000 en 2014.
Ces perspectives sont conformes à celles des principales organisations françaises et internationales, qui ne prévoient pas de baisse du chômage avant 2016.
– 30.000 chômeurs lésés –
La hausse du chômage devrait peser sur les finances de l’assurance chômage. Ses déficits se détérioreraient, pour atteindre 4,4 milliards d’euros en 2015, après 3,9 milliards l’année dernière. Fin 2015, la dette de l’assurance chômage culminerait ainsi à 25,9 milliards d’euros, soit l’équivalent de 8 mois de recettes du régime.
Les comptes de l’assurance chômage sont doublement sensibles à la conjoncture: quand le chômage augmente, le régime doit indemniser plus de demandeurs d’emploi tout en collectant moins de cotisations.
“La dégradation est importante par rapport aux prévisions de septembre, à cause d’une reprise plus tardive que prévu”, a déclaré Patricia Ferrand (CFDT), qui préside l’Unedic. En septembre, l’organisme prévoyait une amélioration en 2015, avec “seulement” 3,5 milliards d’euros de déficit.
édic: chômage et déficit pour 2014 et 2015 (Photo : I. de Véricourt/ F. Hugon) |
Mais l’Unedic l’assure, sa mauvaise santé financière ne fait pas courir de risques à l’indemnisation des chômeurs.
Et la situation aurait pu être pire, selon l’organisme: “A fin 2015, la dette aurait été supérieure d’un milliard d’euros sans la nouvelle convention d’assurance chômage” entrée en vigueur au 1er juillet 2014.
Les nouvelles règles, approuvées par trois syndicats (CFDT, FO et CFTC) et le patronat, durcissent le régime de certains allocataires, comme les intermittents du spectacle ou les cadres touchant une importante indemnité de départ.
Toutefois, pour les intermittents, le gouvernement avait décidé en juin de neutraliser l’allongement de leur “différé”, période pendant laquelle ils doivent attendre avant d’être indemnisés, et de compenser le manque à gagner pour l’assurance chômage. Cette mesure s’appliquera jusqu’à l’entrée en vigueur de la prochaine convention en juillet 2016.
Malgré le geste du gouvernement, la convention reste menacée sur le plan judiciaire. La CGT réclame toujours son annulation. N’ayant pas obtenu gain de cause en première instance, le syndicat a fait appel. La centrale, qui juge “déloyales” les négociations qui ont débouché sur la convention, a également saisi le Conseil d’Etat.
Par ailleurs, le syndicat a dénoncé vendredi, dans un communiqué, les effets négatifs des nouveaux droits “rechargeables” sur certains allocataires.
Entrés en vigueur le 1er octobre, ils permettent aux chômeurs de cumuler de nouveaux droits à indemnisation à chaque fois qu’ils retravaillent. Mais selon une note de l’Unedic, ils lèsent 30.000 personnes par an, qui touchent des allocations inférieures à ce qu’elles pouvaient prétendre sous l’ancien régime.
On ne peut “pas rester dans le statu quo”, a admis Jean-François Pillard (Medef), vice-président de l’Unédic, selon lequel les partenaires sociaux vont “se saisir du problème”.