ège de la réserve fédérale américaine, à Washington, en 2011 (Photo : Karen Bleier) |
[16/01/2015 17:13:18] Washington (AFP) L’inflation aux Etats-Unis a reculé en décembre à un rythme inédit depuis six ans, ce qui reflète à la fois la chute des prix de l’énergie mais aussi l’impact d’une déflation importée, invitant la Réserve fédérale à la patience avant de relever les taux d’intérêt.
Les prix à la consommation ont baissé de 0,4% en données corrigées des variations saisonnières, soit le repli le plus important depuis décembre 2008, en pleine crise financière, selon l’indice CPI publié vendredi par le département du Travail.
En 2014, l’inflation s’est élevée à +0,8% en données brutes. C’est la deuxième plus faible progression annuelle en 50 ans aux Etats-Unis, après la quasi-stagnation des prix de 0,1% pour l’année 2008.
L’évolution de l’indice des prix américains l’année dernière “est considérablement plus faible que la moyenne annuelle de 2,1% réalisée au cours des dix dernières années”, notait en outre le ministère du Travail.
La dégringolade des coûts de l’énergie (-4,7% en décembre et -22,4% depuis juin) est pour beaucoup dans cette chute des prix. Elle a même influencé l’inflation sous-jacente (hors inflation et énergie) qui a stagné, tirée vers le bas par le déclin notable des prix des billets aériens notamment (-5%).
“Le fort recul de décembre est seulement le commencement d’une chute des prix liée à ceux de l’énergie qui va faire plonger l’inflation à -0,5%, voire moins, l’été prochain”, prédit l’analyste de Capital Economics Paul Dales.
Mais le recul des prix du pétrole dopant par ailleurs l’activité économique via les dépenses des consommateurs, il est peu probable que l’inflation sous-jacente glisse encore plus bas, ajoute cet expert.
– L’impact d’un dollar fort –
Outre l’impact des prix de l’énergie, l’appréciation du dollar et la chute des prix chez les partenaires commerciaux américains, notamment en Europe, a également pesé sur l’évolution des prix américains. L’inflation est passée en territoire négatif en décembre dans la zone euro (-0,2%).
Les prix américains à l’importation ont sévèrement chuté de 2,5% en décembre. Les analystes étaient ainsi frappés par la baisse des prix de l’habillement (-1,2% en décembre).
“Un dollar fort rend les importations moins chères et si les producteurs nationaux veulent tenir la concurrence, ils doivent aussi baisser leurs prix”, expliquait Jay Morelock de FTN Financial.
L’euro a glissé à son plus bas niveau par rapport au dollar depuis novembre 2003 à 1,15 dollar.
A cela il faut ajouter que le dernier mois de l’année est une période de multiples rabais pour les consommateurs, soulignait Michael Montgomery, économiste pour IHS Global Insight.
Cette mauvaise performance de l’inflation invite encore la Réserve fédérale américaine (Fed) à la patience avant d’enclencher une première hausse des taux d’intérêt qui sont maintenus proches de zéro depuis plus de six ans.
La Fed guette une remontée des prix autour de 2% pour normaliser sa politique monétaire, alors que le taux de chômage à 5,6% s’approche du plein emploi.
“Si les prix devaient encore ralentir, cela plaidera pour le maintien d’un statu quo de la part de la Fed, même si c’est à cause des effets temporaires des prix de l’énergie et du dollar”, a averti Jim O’Sullivan, économiste en chef pour les Etats-Unis chez High Frequency Economics.
Les marchés s’attendent jusqu’ici à une première hausse des taux au milieu de l’année.
Les yeux rivés sur l’inflation sous-jacente, plusieurs analystes, à l’instar de Paul Dales de Capital Economics, estimaient vendredi que si celle-ci devait reculer, “cela retarderait la première hausse des taux”.
“La conversation pourrait même changer de cap et évoquer de nouveau un stimulus”, suggérait Jay Morelock de FTN.