Grèce : le gouvernement de coalition tente de refaire son retard sur Syriza

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ènes, le 17 janvier 2015 (Photo : Angelos Tzortzinis)

[18/01/2015 14:08:10] Athènes (AFP) Après la menace de sortie de la Grèce de l’euro, le spectre de l’insolvabilité: à une semaine des législatives, le gouvernement de coalition conservateurs-socialistes tente de refaire son retard sur Syriza, la gauche anti-austérité, en interpellant les électeurs sur la précarité financière du pays.

Le parti d’Alexis Tsipras, toujours en tête des sondages, espère quant à lui une majorité absolue, conscient que des alliances lui imposeraient de s’écarter sensiblement de son programme en cas de victoire le 25 janvier.

Aucun sondage ne donne pour l’instant à Syriza les 151 sièges de cette majorité absolue, résultat d’un cacul complexe tenant également compte du nombre de partis entrant au parlement.

Et aucune perspective d’entente entre Syriza et un autre partenaire ne s’est dégagée des dix premiers jours de campagne.

Plusieurs voyants économiques sont passés à l’orange cette semaine, alimentant le discours alarmiste du gouvernement d’Antonis Samaras. Au moins deux des quatre principales banques du pays, anticipant un manque de liquidités, ont demandé à la Banque centrale européenne (BCE) un recours au programme de liquidités d’urgence (ELA) prévu par l’institution.

Elles prennent leurs précautions alors que les retraits ont atteint quelque trois milliards d’euros depuis décembre, même si la Banque de Grèce juge la situation sous contrôle.

Leurs liquidités sont particulièrement sollicitées car elles sont aussi quasiment seules, actuellement, à souscrire aux achats de bons du trésor de l’Etat, en raison de l’incertitude politique. Ces bons à trois ou six mois complètent l’aide financière de l’UE et du FMI à la Grèce, qui ne peut emprunter sur les marchés à moyen et long terme en raison de taux d’intérêt trop élevés.

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à Athènes, le 10 janvier 2015 (Photo : Angelos Tzortzinis)

Autre souci temporaire : les contribuables semblent avoir suspendu le paiement de leurs impôts, infligeant déjà un manque à gagner de plusieurs milliards aux caisses de l’Etat. “C’est une erreur de croire qu’avec Syriza, on ne paiera pas d’impôts”, a averti Alexis Tsipras lors d’une séance de questions sur twitter.

Toute la semaine, le ministre des Finances Guikas Hardouvelis est monté au front pour avertir de la vulnérabilité financière du pays.

La Grèce, affirme-t-il, serait en difficulté si elle ne touchait pas d’ici fin février les 7,2 milliards d’euros de prêts de l’UE et du FMI liés à la conclusion de l’audit en cours de l’économie.

– Pas de miracle –

L’UE semble déjà résignée à une nouvelle extension de son plan d’aide : “il ne pourra pas y avoir de gouvernement grec avant le 10 février, donc la Grèce va certainement demander une nouvelle extension”, selon une source européenne.

Athènes doit rembourser plus de 20 milliards d’euros de prêts en 2015.

Tout cela alors que jeudi, la Banque centrale européenne (BCE) devrait lancer un programme de rachat de dettes d’Etat, mesure dite “d’assouplissement quantitatif”, pour lutter contre les risques de déflation et relancer l’économie européenne.

Mais la Grèce, estiment certains, pourrait être privée de ce bol d’air, compte tenu de sa situation politique et de la volonté de Syriza de mettre fin aux conditions imposées par le FMI et l’UE en échange de leur aide financière et de renégocier les termes de la dette.

Malgré ce climat d’inquiétude, “les sondages montrent que la peur n’est pas un critère qui touche l’électorat”, affirme Thomas Gerakis, chef de l?institut de sondage Marc. D’ailleurs, “beaucoup d’électeurs gagnés par Syriza viennent de Nouvelle Démocratie”, le parti d’Antonis Samaras.

Les enquêtes des derniers jours donnent une avance entre 2 et 4,5 points à Syriza (29,6% à 35,4%) sur Nouvelle Démocratie (25,8% à 30,8%), des scores élevés traduisant une polarisation de l’électorat. Restent cependant 10 à 15% d’indécis.

“Le vote d’adhésion est minoritaire parmi l’électorat Syriza, qui bénéficie de la défiance envers le gouvernement”, estime Thomas Gerakis. L’analyste Georges Sfertzis juge “très bas” le niveau d’attente des électeurs de Syriza. “Ils ne croient pas au miracle”.

Les sondages montrent également une préférence de l’électorat pour un gouvernement d’union nationale, au moment même où Syriza insiste sur sa volonté d’obtenir “un mandat clair”. “Nous voulons avoir les mains libres”, a déclaré dimanche Alexis Tsipras dans une interview au journal Ethnos.