é-Jacques Auberton-Hervé, PDG de Soitec, le 23 avril 2014 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[19/01/2015 08:17:48] Paris (AFP) Le fabricant français de matériaux semi-conducteurs de haute performance Soitec a annoncé lundi un recentrage de ses activités sur l’électronique et l’abandon de ses fonctions opérationnelles par son fondateur André-Jacques Auberton-Hervé, à l’origine d’une diversification mal maîtrisée dans le solaire.
Ce revirement dans sa stratégie va obliger le groupe à passer des dépréciations qualifiées “d’importantes” dans les comptes de l’exercice 2014/15 (s’achevant fin mars), selon un communiqué de l’entreprise.
Et ce, alors que la perte opérationnelle courante du groupe ne devrait pas être “significativement réduite” par rapport à celle, déjà très lourde (74,4 millions d’euros) du premier semestre, a rappelé le groupe.
Confronté à une conjoncture difficile dans son métier d’origine dans l’électronique, la firme iséroise avait recherché son salut dans le solaire, où Soitec commercialise une technologie innovante de production d’électricité.
Mais en novembre, le groupe avait dû lancer un avertissement sur résultat en raison du blocage d’un important projet de centrale solaire aux Etats-Unis.
Soitec va donc désormais mettre en oeuvre une nouvelle stratégie afin de “réaliser la valeur” de la division solaire. Plusieurs scénarios sont à l’étude: Soitec indique qu’il choisira celui qui permet le mieux d'”extraire de la valeur de ses actifs liés à l’énergie solaire dans le respect de ses obligations à l’égard de toutes les parties prenantes”.
Cette nouvelle stratégie sera accompagnée d’importantes mesures de restructuration de l’activité solaire. Une centaine d’emplois ont été supprimés aux Etats-Unis et d’autres mesures devraient suivre, ajoute le groupe.
Soitec, qui a pu surmonter sans trop d?encombres ses dernières difficultés en raison d’une ample trésorerie, précise que cette dernière est tombée à 28,4 millions d’euros à la fin décembre. Mais le groupe espère un versement venu d’Afrique du sud de l’ordre de 40 millions “dans les prochains mois”.
Le groupe, qui a déjà procédé à trois augmentations de capital en quatre ans, a par ailleurs signé un accord avec la Société générale qui pourrait souscrire progressivement jusqu’à 22 millions d’actions nouvelles (soit 9,8% du capital actuel).
Soitec a simultanément annoncé l’abandon par le fondateur André-Jacques Auberton-Hervé de ses fonctions opérationnelles. Ce dernier, qui conserve la présidence du conseil d’administration, va laisser la direction du groupe au jour le jour à Paul Boudre, l’actuel patron de la division électronique.
Malgré cette nouvelle déconvenue, qui fait suite à une série de déceptions ces dernières années, Soitec a assuré qu’il bénéficiait toujours du soutien de son premier actionnaire, la banque publique Bpifrance.
Bpifrance “accueille favorablement la nouvelle stratégie et le changement de gouvernance”, assure-t-il dans son texte.
A noter parmi les rares points positifs dans le communiqué du groupe: Soitec a enregistré au troisième trimestre un net redémarrage de son activité. Celle-ci a bondi de 45,0%, à 48,0 millions d’euros. En particulier, la division électronique, qui était en décroissance depuis le début de l’année, a progressé sur le trimestre de 36,8%, à 44,3 millions, grâce à la téléphonie mobile.
Sur neuf mois, le chiffre d’affaires du groupe a cru de 24,1%, à 154,0 millions.