Chute du pétrole : l’emploi, variable d’ajustement des entreprises

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à Dellwood dans le Missouri le 20 janvier 2015 (Photo : Scott Olson)

[21/01/2015 07:43:29] New York (AFP) Grands gagnants du boom du gaz de schiste aux Etats-Unis, les groupes de services à l’industrie pétrolière licencient désormais à tour de bras pour préserver leurs profits et leurs marges, menacés par la chute des prix du pétrole.

En un mois, les trois premiers acteurs du secteur ont annoncé 17.000 suppressions d’emplois alors même qu’ils ont gagné plus d’argent qu’espéré et choyé leurs actionnaires.

Le numéro un mondial, le franco-américain Schlumberger, fondé par les frères Conrad et Marcel en 1926, va en supprimer plus de la moitié à lui seul, soit 9.000 emplois (7,5% de ses effectifs).

Baker Hughes, le numéro trois, –qui est en passe de fusionner avec le numéro deux, Halliburton– licencie pour sa part 7.000 personnes, soit 11,3% de ses effectifs, dont le plus gros va intervenir d’ici fin mars.

Quant à Halliburton, le premier contingent comprend 1.000 licenciements hors Amérique et ce n’est pas fini. “Nous nous attendons à ce que les ajustements à effectuer dans nos effectifs soient conformes à ce qu’ont fait nos principaux concurrents”, avertit le groupe.

– Deuxième vague de licenciements? –

Cette première vague de licenciements devrait être suivie par une autre d’une ampleur au moins égale, estiment les analystes, d’autant que pour l’instant la région pétrolière du sud des Etats-Unis a été particulièrement épargnée.

Or, d’après la Réserve fédérale américaine (Fed), la chute des prix du pétrole devrait peser sur l’activité dans cette zone, avec un impact indéniable sur l’emploi.

Le prix du baril de pétrole a perdu plus de 60% depuis juin. Cet effondrement contraint les groupes pétroliers à restreindre leurs programmes d’exploration avec un impact direct sur l’activité de leurs sous-traitants comme Schlumberger.

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à Dellwood dans le Missouri le 20 janvier 2015 (Photo : Scott Olson)

Le nombre de puits forés a par exemple dégringolé de 15% aux Etats-Unis lors des deux derniers mois, affirme le patron d’Halliburton Dave Lesar, qui souligne que ses clients ont réduit de 25 à 30% leurs investissements dans l’exploration offshore.

Le ralentissement de l’activité affecte fortement des pays comme la Malaisie, l’Australie, la Russie, l’Angola et la zone de la Mer du nord, énumère le dirigeant.

Face à ce déclin, les géants pétroliers demandent aux groupes de services de baisser leurs tarifs notamment dans la fracturation hydraulique pour l’extraction du gaz de schiste, au risque d’entamer leur rentabilité.

“Nous avons des discussions sérieuses avec des clients qui nous demandent de baisser nos prix afin de les aider à ajuster leurs coûts”, explique Martin Craighead, PDG de Baker Hughes.

“Nous sommes en train d’effectuer des rabais sur la plupart de nos lignes de produits”, renchérit Dave Lesar.

– Rentabilité –

A terme, la rentabilité du groupe devrait en pâtir. “Nous nous attendons à une dégradation de nos marges dans les prochains trimestres”, avertit le dirigeant.

Halliburton comme Schlumberger et Baker Hughes vont devoir déprécier des actifs et inscrire de lourdes charges dans leurs comptes. Schlumberger va par exemple consacrer 296 millions de dollars à l’indemnisation des salariés licenciés.

“Notre industrie est clairement dans les premières étapes d’un cycle baissier”, remarque Martin Craighead.

Son entreprise, Baker Hughes, prévoit d’autres mesures d’économies. Elle envisage notamment la fermeture de sites et une réduction de ses investissements de l’ordre de 20% comparé à l’an dernier.

Halliburton va alléger ses frais administratifs et exiger un effort à ses propres fournisseurs, tandis que Schlumberger va réduire sa flotte de navires spécialisés dans la sismique marine.

A plus long terme, le salut repose sur la consolidation du secteur, émietté entre moult acteurs dont des groupes chinois et sud-coréens.

Baker Hughes et Halliburton ont donné le coup d’envoi avec le rachat pour 34,6 milliards de dollars du premier par le second. Cette fusion devrait permettre notamment de peser davantage dans leurs négociations commerciales avec l’industrie pétrolière.