Atletico Madrid : Wang Jianlin, un milliardaire chinois féru de football

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à la Bourse de Hong Kong le 23 décembre 2014 (Photo : Isaac Lawrence)

[21/01/2015 12:42:46] Pékin (AFP) Nouvel actionnaire de l’Atletico Madrid, le milliardaire chinois Wang Jianlin est depuis toujours un mordu du ballon rond. Ce magnat de l’immobilier marque aujourd’hui des buts autant sur les terrains du cinéma et des parcs d’attraction que du milieu sportif européen.

En investissant dans l’emblématique club champion d’Espagne, dont il prend 20% pour 45 millions d’euros, son conglomérat Wanda –un mastodonte de l’immobilier commercial– poursuit sa longue série d’opérations à l’international.

Une façon de se diversifier tous azimuts, alors que l’immobilier chinois fléchit après des années de surchauffe.

Wanda Group a ainsi pris le contrôle en 2013 du constructeur britannique de yachts Sunseeker. L’année précédente, le groupe avait racheté l’américain AMC Entertainment… devenant avec cette acquisition le premier propriétaire mondial de salles de cinéma.

Et Wanda a mis la main coup sur coup sur un immeuble de bureaux londonien, un hôtel cinq-étoiles à Chicago, ou encore l’immeuble historique Edificio Espana à Madrid.

“Notre objectif est de faire de Wanda une marque mondiale, comme Walmart ou IBM ou Google, une marque chinoise connue de tous sur la planète”, lançait l’an dernier Wang Jianlin, aujourd’hui âgé de 60 ans, dans un entretien à CNN.

Si l’investissement dans l’Atletico constitue sa première incursion dans le sport européen, l’opération reflète bien la passion exacerbée du milliardaire pour le football… tout en rappelant une expérience précédente.

Wang avait ainsi racheté en 1994 le club de football de Dalian, métropole portuaire du nord-est de la Chine où son groupe est basé. Le rebaptisant du nom de Wanda, il lui avait fait remporter quatre fois le championnat national.

Avant de s’en séparer en 2000, “désabusé” face à l’ampleur de la corruption gangrénant les compétitions chinoises…

– Pari de milliardaires –

Wang Jianlin fait figure de “self-made man” dont la carrière a épousé le fulgurant décollage économique chinois.

Après avoir intégré adolescent l’Armée populaire de libération, il prend la tête en 1988 d’un promoteur sous contrôle étatique et menacé de faillite.

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Atletico de Madrid le 20 janvier 2015 (Photo : Javier Soriano)

Il le redresse, en rachète progressivement les parts (il contrôle aujourd’hui plus de 98% de Wanda Group), et impose un management “militaire”: le groupe se targue volontiers de “n’avoir jamais livré de projets en retard ou dépassé un budget”.

En deux décennies, il est devenu le deuxième propriétaire mondial de centres commerciaux: sa filiale Wanda Commercial opère aujourd’hui 175 sites en Chine, surfant sur la vague d’urbanisation du pays.

Fort de son succès, Wang Jianlin avait lancé fin 2012 un pari très médiatisé à son compatriote Jack Ma, fondateur d’Alibaba, numéro un chinois du commerce électronique.

En direct à la télévision, il lui avait promis de lui verser 100 millions de yuans (14 millions d’euros) si d’ici à dix ans, le volume des ventes en ligne dans le pays surpassait les achats réalisés en magasin.

Intéressant rebondissement: Wang a été sacré première fortune chinoise en 2013 par le magazine Forbes, avec des actifs de 14,1 milliards de dollars… pour finalement se voir détrôner cet automne par Jack Ma, après l’introduction en fanfare d’Alibaba à Wall Street.

Mais mi-décembre, c’était à Wanda Commercial de faire une entrée fracassante à la Bourse de Hong Kong, renflouant sensiblement le portefeuille de M. Wang.

-‘Hollywood de l’Orient’-

Face à la crise financière puis au tassement de l’immobilier chinois –plombé par une offre surabondante et la concurrence de l’e-commerce–, Wanda a cependant accéléré ses efforts pour élargir ses horizons… aux domaines de la culture et du divertissement.

Amateur déclaré de karaoké et collectionneur averti (il a acquis un Picasso en 2013), Wang Jianlin affiche ouvertement ses envies de rivaliser avec Hollywood.

Après le rachat des salles de cinéma AMC, Wanda chercherait désormais à investir dans le studio californien Lions Gate –détenteur de la franchise “Hunger Games”–.

Le groupe a lancé en septembre 2013, à grand renfort de stars américaines sur tapis rouge, la construction d’une “Cité orientale du cinéma” à Qingdao (est), ambitieux projet de studios et d’hôtels de 6,6 milliards d’euros.

M. Wang a également inauguré le mois dernier à Wuhan (centre) un vaste parc d’attraction dédié au 7e art, dévoilant son nouveau défi: concurrencer les Disneylands asiatiques, puis “construire des parcs aux Etats-Unis… pour y exporter la culture chinoise”.