Routiers : le patronat boude les négociations prévues jeudi

348e68ede8f92d081ee5c447c9cec680364544b6.jpg
à Bruges près de Bordeaux, le 21 janvier 2015 (Photo : Nicolas Tucat)

[21/01/2015 17:54:36] Paris (AFP) C’est finalement non. Plusieurs fédérations patronales de transport routier, dont la principale, ont refusé mercredi de participer à la séance de négociations prévue jeudi matin avec les syndicats, ces derniers sommant désormais l’Etat d’intervenir avec fermeté.

“Aucun élément nouveau ne permet aujourd’hui de reprendre la négociation dans les meilleures conditions et d’espérer la signature d’un accord”, ont annoncé dans un communiqué commun la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) – principale chambre patronale de la branche -, TLF et l’Unostra.

“C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas assister à la réunion convoquée” jeudi à 08H30 à Direction Générale du Travail (15e arr.), à Paris, indiquent-elles.

La quatrième fédération présente pour ces négociations, l’OTRE, n’avait pas encore annoncé si elle serait ou non présente jeudi.

“Nous ne sommes pas en capacité de faire mieux: nos entreprises sont frappées de plein fouet par la crise économique et souffrent d’un grave déficit de compétitivité”, expliquent, dans leur communiqué, la FNTR, TLF et l’Unostra, en rappelant que les propositions avancées mardi avaient “toutes été rejetées”.

Contactés par l’AFP, les syndicats ont fait part de leur stupeur, ce scénario n’ayant visiblement pas été envisagé.

“Les ministères du Travail et du Transport nous avaient assuré qu’ils seraient là” jeudi matin, a réagi Jérôme Vérité pour la CGT Transports. “C’est ça qui nous a fait lever notre camp” à la Direction Générale du Travail, l’intersyndicale (CGT, FO, CFTC et CFE-CGC) ayant occupé une partie du lieu dans la nuit de mardi à mercredi.

Dénonçant l’attitude “jusqu’au-boutiste” du patronat, qui fait “pression sur le gouvernement (…) pour aller lui arracher du pognon”, le leader cégétiste a demandé à l’exécutif d’intervenir.

217ba692014a42670c91db7132067b7e54081853.jpg
à Bruges près de Bordeaux le 21 janvier 2015 (Photo : Nicolas Tucat)

“A l’Etat de renverser la situation et d’annoncer la suspension de toutes les aides publiques pour ces entreprises-là”, lance-t-il.

Jeudi matin, les syndicats se rendront néanmoins à la Direction Générale du Travail, en espérant que le patronat change d’avis.

“On a une convocation de l’Etat, on y va”, a indiqué Patrice Clos (FO), imité ensuite par Thierry Cordier de la CFDT.

– La CFDT menace d’un ‘conflit majeur’ –

“S’ils ne viennent pas, ils prendront leur responsabilité, et nous la nôtre”, précise le secrétaire général de la CFDT Transport, premier syndicat de la profession.

Non membre de l’intersyndicale qui organise blocages et opérations escargots depuis dimanche soir, la CFDT avait menacé d'”entrer dans un conflit majeur” si les organisations patronales ne revenaient pas à la table des négociations “dans les prochaines heures”.

Mardi soir, l’intersyndicale avait brièvement suspendu le mouvement social, à la suite de l’échec des discussions, le patronat et la CFDT ayant quitté la table des négociations.

Les syndicats étaient revenus sur leur décision dans la nuit, après le refus des négociateurs patronaux de répondre à la “convocation” du président de la commission mixe paritaire – un représentant du ministère du Travail – pour une réunion mardi dans la soirée.

Mercredi matin, le ministère du Travail avait invité les partenaires sociaux à un nouveau round de négociations, jeudi.

a9411b38dbd20c92f601eb6ded53ed5c2c1fe647.jpg
à Bruges près de Bordeaux le 21 janvier 2015 (Photo : Nicolas Tucat)

Les négociations butent sur l’ampleur de l’augmentation salariale: les syndicats réclament 5%, le patronat ne veut pas aller au-delà de 2%.

En l’absence d’accord entre syndicats et patronat, les minimums conventionnels resteraient ceux en vigueur l’année dernière.

En 2014, un seul des quatre coefficients dans le transport routier – celui des salariés les plus qualifiés – dépassait le Smic, fixé à 9,53 euros bruts par heure. Le salaire minimum a été relevé à 9,61 euros au 1er janvier.

Plusieurs actions avaient été menées mercredi par les routiers en grève, peu nombreux mais capables d’organiser des opérations coups de poing conséquentes.

Dans le Nord, une opération escargot sur l’autoroute A1 a occasionné de très gros bouchons dans la matinée, dans le sens Lille-Paris.

A Bordeaux, une centaine de grévistes ont installé de nouveaux barrages filtrants dans les zones de fret de Bègles (banlieue sud-est) et de Bruges (nord-ouest), après avoir libéré celle de Cestas (sud-ouest).

Les manifestants avaient reçu dans la nuit “des renforts” des sections locales CGT Ford et CGT Cheminots, mais aussi de transporteurs de fonds et d’ambulanciers, selon Marc Rosa, responsable de la CGT Transports en Gironde.