Les négociations sociales ont ravivé frondes et dissensions au sein du patronat

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égociations en cours sur la modernisation du dialogue social ont exacerbé les dissensions au sein du patronat (Photo : Dominique Faget)

[21/01/2015 18:07:36] Paris (AFP) Les négociations en cours sur la modernisation du dialogue social ont exacerbé les dissensions au sein du patronat, révélant un clivage entre le Medef et la CGPME et une fronde de certaines fédérations du Medef.

La Confédération générale des petites et moyennes entreprises et le Mouvement des entreprises de France sont en profond désaccord notamment sur la création d’un dispositif de dialogue social pour les très petites entreprises.

Le Medef prône la création de comités extérieurs “non intrusifs” tandis que la CGPME exclut cette idée.

Certaines fédérations du Medef comprenant un grand nombre de petites entreprises y sont également opposées, faisant valoir que le dialogue au sein de très petits structures n’avait pas besoin de passer par un dispositif spécifique.

Les trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) et syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) devaient en principe boucler les discussions vendredi dernier mais n’y sont pas parvenues après une séquence record (deux jours et une nuit complète). Elles doivent se retrouver jeudi matin au siège du Medef.

Le Medef et l’UPA, qui représente les artisans et les commerçants de proximité, ont adressé mercredi aux organisations syndicales de salariés un nouveau texte qui, sur ce point de la représentation pour les très petites entreprises (TPE), reste ferme.

Dans les TPE (moins de 11 salariés), le texte consulté par l’AFP prévoit toujours un “dispositif de représentation” allégé et externe. Le patronat hors CGPME réaffirme que ces commissions n’auront qu’une mission de “conseil” et d'”information”, et ne seront en “aucun cas” autorisées à “intervenir dans une entreprise”.

“C’est la plus grande crise patronale que j’ai connue”, a déclaré à l’AFP une source patronale, affirmant que l’un des grands contributeurs du Medef, la Fédération française du bâtiment (FFB) avait menacé de quitter l’organisation patronale. “Cette négociation va laisser des traces au sein du patronat. Et ce d’autant plus qu’on est dans l’année de mesure de représentativité”, destinée à déterminer le poids de chacune des trois organisations patronales représentatives, a poursuivi cette source.

“M. Gattaz a d’énormes pressions de ses branches”, a-t-elle ajouté.

– un enchevêtrement très complexe –

Un responsable du Medef interrogé par l’AFP a démenti que la FFB ait proféré de telles menaces tandis que cette dernière n’a pas souhaité répondre aux questions. “Cela fait plusieurs fois que cela revient, tour à tour”, a déclaré une autre source patronale au sujet de menaces de diverses fédérations de claquer la porte du Medef.

“Les TPE sont extrêmement inquiètes sur ce sujet-là”, avait concédé mardi au cours de sa conférence de presse mensuelle, le président du Medef Pierre Gattaz.

“90% de nos entreprises ont moins de 11 salariés. C’est justement là où cela achope de manière très claire avec le Medef et effectivement nous partageons au stade actuel les positions de la CGPME”, a déclaré à l’AFP le délégué général du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), Xavier Horent. “C’est de la complexité, c’est un formalisme beaucoup trop lourd pour des entreprises de moins de 11 salariés qui ne comprendront pas”, a-t-il ajouté.

“Les comités paritaires ne pourront pas faire de l’ingérence dans les TPE, ne pourront pas être intrusifs”, avait argué mardi M. Gattaz. “Il n’y a pas besoin de bureaucratiser le dialogue social dans les petites entreprises” où les gens se connaissent “par coeur”, avait-il ajouté.

Ces heurts ne sont pas nouveau. Des hostilités particulièrement dures avaient éclaté au grand jour en mars 2012 au sein du patronat français, avec la décision de la puissante fédération de la métallurgie, un pilier du Medef, d’arrêter de financer la confédération des PME dont des propositions en matière de représentativité avaient déplu.

Les organisations patronales et branches professionnelles sont un enchevêtrement très complexe en France. En témoigne par exemple le CNPA, qui appartient à la fois au Medef, à la CGPME et à l’UPA. “C’est trop complexe (…) on a un problème de mutualisation de nos moyens, de cohérence”, constate M. Horent.

La méthode de négociation suscite aussi l’exaspération. Ainsi le numéro un du syndicat Force ouvrière, Jean-Claude Mailly a appelé mercredi à négocier en terrain neutre et non plus au siège du Medef, où M. Gattaz “est enfermé dans son bureau”. Ses appels ont en privé l’oreille d’une partie du patronat, a pu constater l’AFP.