François Asselin : un homme du sérail au franc-parler à la tête de la CGPME

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çois Asselin, le 13 janvier 2015 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[21/01/2015 18:53:40] Paris (AFP) L’entrepreneur de 50 ans François Asselin, élu président de la CGPME mercredi, allie les atouts d’un militantisme patronal de longue date et d’un provincial investi de responsabilités nationales au franc-parler.

Il était le seul candidat à la succession de Jean-François Roubaud, 70 ans, président depuis 2002 de la confédération des petites et moyennes entreprises, forte de 600.000 adhérents et revendiquant la représentation des 1,6 million de sociétés françaises de 1 à 250 salariés.

M. Asselin a repris l’entreprise familiale du bâtiment de 140 personnes en 1993 à l’âge de 29 ans. Il parle avec passion de sa PME des Deux-Sèvres, spécialisée dans la charpente, la menuiserie, l’ébénisterie et la ferronnerie d’art, qui, sans qu’on le sache, est chargée de la sauvegarde et la restauration de trésors du patrimoine français mondialement connus.

L’entreprise compte ainsi parmi ses chantiers la rénovation des charpentes de la toiture du château de Versailles et l'”Hermione”, reproduction à l’identique de la frégate de La Fayette qui revivra en avril son voyage de 1780 vers l’Amérique. Pour ce navire haut comme une cathédrale il aura fallu 17 années de travail, de la sélection de 2.000 chênes aux formes tourmentées à la finition des multiples courbes de la charpente.

Né le 18 novembre 1964 à Thouars (Deux-Sèvres), marié, père de quatre enfants et grand-père, M. Asselin est membre du Comité exécutif de la CGPME et président de la CGPME Poitou-Charentes depuis 2011, vice-président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) depuis 2008.

Il a été président de la CGPME des Deux-Sèvres de 2009 à 2011 et de la FFB des Deux-Sèvres de 2001 à 2006. Le parcours syndical de ce titulaire d’un DUT Techniques de Commercialisation à l’IUT de Tours s’étale sur 20 ans, dont les sept dernières années à la confédération des PME.

“Ce n’est pas quelqu’un qui arrive de nulle part, il connaît bien l’organisation de l’intérieur avec ses forces et ses faiblesses” et “a des ambitions pour la maison”, dit de lui le secrétaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil.

Il affiche trois grands principes: encourager la prise de risque plutôt que la sanctionner, rappeler que le travail est une valeur positive, accepter un peu moins de sécurité pour regagner en liberté.

– ‘Notre bouée de sauvetage, c’est l’export’ –

Récemment, lors d’une de ses premières interventions publiques, cet homme de taille moyenne, lunettes discrètes et regard bleu, avait quelque peu inquiété des spécialistes de la communication par des propos très directs.

“Je suis parfois choqué de voir en face de moi des gens intelligents mais avec qui il est impossible de passer la barrière du bon sens parce qu’ils ne vivent pas la même réalité quotidienne”, avait-il dit des politiques.

Il n’avait pas non plus épargné le président de l’organisation patronale Medef, avec laquelle la CGPME entretient des relations rarement sereines. “Entre le discours et les actes posés, il y a des choses qu’on ne comprend pas”, avait-il dit de Pierre Gattaz.

M. Asselin est intarissable sur ce qu’il estime être les multiples tracasseries auxquelles sont soumis les chefs d’entreprise. Il assure vouloir “courageusement mettre le sujet de l’emploi sur la table” dans une France au marché du travail “sclérosé”.

Il s’oppose au dispositif de représentation extérieure proposé aux entreprises de moins de 11 salariés dans le cadre d’une difficile négociation pour améliorer le dialogue social. Pour lui, “si on veut passer par la loi, on tue la spontanéité” et la France, qui veut “tout écrire, tout imposer”, a une vision “ringarde” du dialogue social.

Conscient de l’étroitesse du marché français, il a aussi l’esprit tourné vers l’étranger. Son entreprise a une filiale aux Etats-Unis où il a mis de son propre aveu plusieurs années à comprendre le marché et à s’implanter. Il a choisi le russe comme troisième langue de son site internet dans l’espoir, pour l’instant déçu, d’attirer la riche clientèle des villas au luxe tapageur des alentours de Moscou.

“On a beaucoup de mal à établir des marges en France, notre bouée de sauvetage c’est l’export”, dit-il.