Air France : l’emploi au coeur d’une réunion très attendue

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érence de presse le 28 septembre 2014 à Paris (Photo : Dominique Faget)

[22/01/2015 06:00:48] Paris (AFP) Nouvelles turbulences en vue chez Air France? La situation économique de la compagnie fait l’objet d’un Comité central d’entreprise, jeudi, alors que les derniers résultats financiers font craindre de nouvelles suppressions de postes.

Les partenaires sociaux se réunissent à partir de 9H30 à Roissy pour un CCE ordinaire. A cette occasion, le PDG du groupe (Air France, Hop!, Transavia France), Frédéric Gagey, dressera un “état des lieux” de la situation économique.

Mais annoncera aussi, peut-être, de nouvelles coupes dans les effectifs.

“Il pourrait y avoir un premier chiffrage de suppressions d’emplois et/ou des économies à faire”, croit savoir une source interne, voire des “mesures d’urgence” pour redresser un groupe en difficulté.

“Je n’y crois pas”, réplique Didier Fauverte (CGT), le secrétaire général du Comité central d’entreprise.

“Cela va être simplement une +explication de texte+ par le président sur la situation financière de la compagnie, qui n’est pas bonne”, avance-t-il.

La direction devrait détailler les écarts de compétitivité entre Air France et les low cost (Ryanair, easyJet, Vueling, Norwegian), d’une part, et les compagnies du Golfe (Emirates, Qatar Airways, Etihad) en pleine croissance, d’autre part.

Mais la séance ressemble cependant à “une mise en condition” pour le prochain CCE du 5 février, probablement porteur de mauvaises nouvelles, reconnaît M. Fauverte.

“Là, très certainement, la compagnie va annoncer de nouvelles mesures d’économies”, prédit le responsable de la CGT, premier syndicat d’Air France toutes catégories confondues.

– ‘D’abord les économies’ –

Pour faire des économies, la compagnie a plusieurs options: arrêter certaines lignes non rentables, réduire les investissements ou encore ses effectifs, qui atteignaient près de 65.000 personnes fin 2013.

Dès lors, un nouveau plan de départs volontaires (PDV) paraît envisageable (celui en cours se termine en mars), malgré le timide démenti de la direction apporté mi-janvier.

“Rien n’est encore décidé s’agissant d’un éventuel nouveau plan de départs volontaires”, avait alors indiqué un porte-parole, en réaction à un article du Figaro faisant état d’un projet de 5.000 suppressions de postes.

“Il est donc parfaitement prématuré de l’évoquer, tant sur le principe que sur son éventuelle ampleur”, avait-il ajouté.

Initié en 2012, le plan de restructuration “Transform 2015” a permis à Air France-KLM d’abaisser ses coûts d’un milliard d’euros, au prix de 8.000 suppressions d’emplois au sein du seul groupe français.

Le plan stratégique “Perform 2020”, qui lui a succédé en janvier, devait impulser une nouvelle dynamique, tournée vers la croissance. Mais les derniers résultats financiers incitent peu à l’optimisme.

“Au départ, Perform 2020 devait travailler principalement sur la croissance, tout en continuant les économies à faire. Sauf que là on part plutôt sur le second point; d’abord les économies, et après on parlera de croissance”, s’inquiète Didier Fauverte.

Le 18 décembre, Air France-KLM a publié un troisième avertissement sur résultats, la direction signalant en outre la faiblesse persistante de la recette unitaire sur les vols de longue distance, sa poule aux oeufs d’or.

Le groupe franco-néerlandais doit publier ses résultats annuels le 19 février. De nouvelles pertes pourraient entraîner de nouvelles suppressions d’emplois, avait laisser entendre Frédéric Gagey en mai.

“L’objectif reste un retour à l’équilibre opérationnel cette année (2014). Si on était en pertes, on serait plus dos au mur, ce qui changerait les termes du dialogue social”, déclarait-il à quelques journalistes, en déplacement à Shanghai.

Parallèlement aux mesures d’économies, Air France-KLM vise une réduction de sa dette, en tablant sur un objectif de 4,5 milliards d’euros à fin 2015 contre 6,5 milliards début 2012, au lancement du plan Transform.

De nouvelles suppressions d’emploi serviront-elles à atteindre ces objectifs? Le CCE de jeudi devrait apporter quelques réponses.

Un élément pourrait cependant inciter l’entreprise à temporiser: les prochaines élections professionnelles (du 10 février au 12 mars) chez Air France font craindre une radicalisation des syndicats, bien décidés à défendre l’emploi.