ère dans une ferme près de Enkoeping en Suède le 19 janvier 2015 (Photo : Jonathan Nackstrand) |
[22/01/2015 11:46:38] Paris (AFP) Optimistes et impatients: Allemagne, Pays-Bas, Irlande et Nouvelle-Zélande, grands concurrents de la France en matière de production de lait, voient la fin des quotas européens comme une opportunité à saisir.
Le système installé en 1984 pour gérer les excédents de l’après-guerre prendra fin le 31 mars, laissant les Etats-membres libres de produire autant qu’ils le veulent.
L’Union européenne est déjà la première source de lait au monde, avec un tiers de la production mondiale, soit 140 millions de tonnes par an. Cette production pourrait augmenter de 8% d’ici à 2020, selon le cabinet spécialisé Agritel.
Avec comme débouché les pays émergents, Chine et Inde en tête, où l’appétit pour les produits laitiers se développe en même temps que la classe moyenne.
Même si 2014 a vu les prix du lait baisser sous l’effet d’une forte production mondiale, accentuée par l’embargo russe, les pays d’Europe du Nord restent optimistes sur le long terme.
D’autant que “personne au monde n’est meilleur que l’UE pour la traçabilité”, estime Pierre Bégoc d’Agritel, un atout pour le marché chinois, encore traumatisé par le scandale du lait contaminé à la mélamine.
Aux Pays-Bas, 3e exportateur européen, “les producteurs sont heureux de sortir du système des quotas, qui était un frein pour le développement des exportations”, a expliqué le diplomate basé à Paris Nico van Opstal, lors d’une conférence sur le sujet mercredi.
– “Silicon Valley” du lait –
Comme l’Allemagne, les Pays-Bas produisent déjà au-dessus de leurs quotas, et comptent accroître leur production de 20% dans les cinq ans à venir.
Le pays cherche même des producteurs pour prêter main-forte aux 18.000 éleveurs existants.
L’Irlande aussi trépigne d’impatience. “Nous voulons augmenter de 50% notre production de lait d’ici à 2020”, s’enthousiasme Karl Walsh, spécialiste des affaires agricoles de l’ambassade à Paris.
Les Irlandais tablent sur un accroissement du rendement par vache de 15%. Le cheptel, qui compte actuellement 1,2 million de vaches, devrait s’accroître d’au moins 300.000 bêtes.
Dublin a investi 60 millions d’euros dans le secteur, pour améliorer notamment la santé et la génétique animale. De leur côté, les industriels ont dépensé 500 millions pour la compétitivité.
L’Irlande mise sur le secteur clé de la nutrition infantile, dont elle détient déjà 10% du marché mondial.
Aux Pays-Bas, FrieslandCampina, l’une des plus grandes coopératives laitières au monde, a ouvert un centre de recherches à l’université de Wageningen. Plus de 300 chercheurs y travaillent à développer de nouveaux produits.
Le pays espère développer dans cette zone une “Silicon Valley” du secteur laitier. Des entreprises internationales y font déjà de la R&D (recherche et développement), comme Nestlé ou le géant laitier néo-zélandais Fonterra.
L’Allemagne, 1er producteur et exportateur européen, pourrait augmenter sa production de 15-20% dans les 5-7 prochaines années, estime Agritel.
ère en Bosnie le 27 juin 2013 (Photo : Elvis Barukcic) |
Mais au pays des fermes industrielles géantes héritées de l’ex-RDA, “le bien-être animal est très discuté” et il faut rendre acceptable par le consommateur une augmentation de la production, reconnaît Juergen Ohlhoff, conseiller à l’ambassade d’Allemagne.
L’Allemagne doit aussi gérer les pollutions aux nitrates et à l’ammoniac venant des élevages. Même chose aux Pays-Bas avec les phosphates.
Outre-Rhin, on est aussi “très sensible au fait de maintenir la production dans les régions défavorisées”, explique M. Ohlhoff, un défi alors que la fin des quotas devrait favoriser la concentration des exploitations.
L’Irlande espère garder des exploitations de 80-90 vaches maximum. Mais comment alors augmenter la taille du cheptel national, alors que les terres y sont très chères?
Quant à la Nouvelle-Zélande, l’un des trois principaux fournisseurs du marché mondial, elle “ne craint pas l’augmentation de la production en Europe. Il y a assez de demande sur le marché mondial pour tout le monde”, estime Susannah Gordon, diplomate en France.
Au contraire, “la croissance dans le secteur laitier européen est bonne pour les entreprises néo-zélandaises car elles ont des investissements ici”, assure-t-elle.