Le “QE” de la BCE, comment ça marche?

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ésident de la BCE Mario Draghi à Rome le 12 novembre 2014 (Photo : Filippo Monteforte)

[22/01/2015 16:49:35] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi son très attendu programme de rachats massifs de dette publique et privée, “assouplissement quantitatif” à l’européenne. En voici les grandes lignes et modalités:

– De quoi s’agit-il ? –

Comme la Fed ou la Banque du Japon avant elle, la BCE va racheter de la dette, à la fois publique, c’est-à-dire des obligations souveraines émises par les Etats de la zone euro et les institutions européennes, et privée. Le rachat de dette privée a en fait déjà commencé à l’automne dernier avec des opérations sur certains produits financiers, à savoir les obligations sécurisées et les ABS, des titres adossés à des crédits.

L’objectif est d’enclencher un cercle vertueux: sous l’effet de la forte demande, la valeur des obligations augmente et automatiquement les taux d’intérêt baissent ce qui pousse les banques à placer leur argent ailleurs, notamment à prêter aux entreprises et consommateurs. Ceux-ci sont incités par les taux bas à ne pas laisser dormir leur argent sur leurs comptes en banque, à s’endetter et dépenser davantage, en consommant ou en investissant. Au bout de la chaîne, cela est censé relancer l’activité économique et faire remonter les prix.

L’assouplissement quantitatif pèse aussi sur la valeur de la monnaie. Comme les taux sont bas, les placements en zone euro ne sont pas intéressants pour des investisseurs d’autres régions, et l’argent sort de l’union monétaire, ce qui fait baisser le cours de l’euro par rapport aux autres devises. Cela profite aux entreprises européennes exportatrices (leurs produits libellés en dollars ou en yens sont moins chers). A l’inverse les importations se renchérissent, ce qui peut permettre de faire remonter les prix.

Mario Draghi, président de le BCE, a assuré jeudi que l’inflation allait repartir graduellement à partir de cette année.

– Combien? –

La banque centrale est prête à débourser à ce titre 60 milliards d’euros par mois, au moins jusqu’à septembre 2016, ce qui représentera 1.140 milliards d’euros. Cela correspond à un peu plus de 10% de l’ensemble de la masse monétaire en circulation en zone euro à l’heure actuelle. Le chiffre comprend les rachats d’ABS et d’obligations sécurisées.

“Les achats pourraient se poursuivre au-delà de septembre 2016, et en tout cas jusqu’à ce que le conseil des gouverneurs observe un ajustement durable de l’évolution de l?inflation conforme à son objectif de taux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme”, a prévenu M. Draghi.

La distribution des achats par pays reflètera la clé de répartition du capital de la BCE, elle-même fonction du poids de chaque économie dans le bloc monétaire. Dans le panier final on devrait ainsi trouver maximum un quart de titres allemands, 20% d’actifs français… selon le poids de ces pays respectifs dans le capital de la BCE détenu par les pays de la zone euro.

– Comment? –

L’essentiel (92%) des rachats seront effectués par les banques centrales nationales des 19 pays de la zone euro.

Pour tenir compte des réticences de l’Allemagne, inquiète de devoir supporter les risques de défaut de titres italiens ou chypriotes, 80% des titres achetés ne feront pas l’objet de “partage du risque”. En d’autres termes la Bundesbank achètera essentiellement des obligations allemandes, la Banque de France des titres français, etc.

20% du total obéira à une mutualisation du risque: les 12% correspondant à la part dans le total de titres émis par des institutions européennes – la Banque Européenne d’Investissement par exemple – et les 8% d’achats que la BCE fera en propre.