«80,2% des sociétés tunisiennes déclarent avoir besoin de recruter des diplômés de la formation professionnelle, dont 42,2% sont disposées à les embaucher immédiatement et 26,8% à court terme. Elles sont, toutefois, insatisfaites du niveau des compétences issues de cette filière et ne trouvent pas le profil demandé”, a indiqué Hassen Zargouni, président directeur général de Sigma Conseil.
Prenant part à la conférence-débat, organisée jeudi 22 janvier à Tunis, sur le thème «Entreprise formatrice: renforcer la croissance, soutenir la productivité», M. Zargouni a présenté les résultats préliminaires d’une enquête réalisée par Sigma sur «l’Etat des lieux et besoins des entreprises en Tunisie, relatif à la formation professionnelle» . Elle a été lancée par la fondation Konrad-Adenauer- Stiftung (KAS) et le Centre des Jeunes dirigeants d’Entreprises (CJD) en collaboration avec la Chambre Tuniso-Allemande de l’Industrie et du Commerce (AHK).
Menée auprès d’un échantillon de 612 apprentis et 480 entreprises, l’enquête a fait ressortir que «les entreprises demandent la mise à jour des programmes de formation et l’innovation en la matière, pour répondre au mieux aux besoins du marché».
«De leur côté, les apprentis dans le système de formation professionnelle se plaignent des conditions de formation, à savoir le manque de matériel, les équipements défectueux, le manque de propreté dans les foyers. Ils se disent, aussi, insatisfaits du niveau d’encadrement et d’accompagnement lors des stages», a encore précisé M. Zargouni.
Mettant en valeur le rôle que peut jouer le système de formation professionnelle dans l’impulsion de l’économie d’un pays, Khaled Zribi, président du CJD, a indiqué que dans des pays développés comme l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche, le taux des diplômés du système de la formation professionnelle s’élève à 75%, contre 25% uniquement pour les universités, alors que c’est l’inverse pour le cas de la Tunisie.
M. Zribi considère d’«impératif d’avoir une perception positive de la formation professionnelle. Il ne faut plus percevoir l’échec scolaire et l’orientation vers cette filière comme étant un échec social».
Youssef Nawara, directeur général au ministère de la Formation professionnelle, a fait savoir, pour sa part, que la Tunisie compte 120.000 apprenants dans le système professionnel. «L’Etat a mis en place 136 centres de formation gérés par l’Agence tunisienne de formation professionnelle, renforcés par quelques dizaines de centres placés sous la tutelle du ministère du Tourisme et de celui de la Défense nationale, outre un millier de centres relevant du secteur privé».
Pour l’histoire, la première école professionnelle en Tunisie a été créée en 1898 alors que le 1er centre de formation a été lancé en 1920 à Menzel Bourguiba.