Début 2015, l’économie française retient encore son souffle

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é international de Rungis, le 23 décembre 2014 (Photo : Lionel Bonaventure)

[23/01/2015 15:19:14] Paris (AFP) Rebondira, rebondira pas ? A voir les premiers indicateurs du climat des affaires de l’année, publiés vendredi, l’économie française retient encore son souffle, en dépit d’un environnement extérieur très favorable et des espoirs de franche reprise du gouvernement.

Selon la société de sondages économiques Markit, l’activité du secteur privé en France s’est légèrement repliée en janvier, avec un indice composite PMI à 49,5 points, contre 49,7 points en décembre.

Cet indice établi en interrogeant des directeurs des achats de tous les secteurs (industrie et services) reste toutefois proche du niveau de 50 points, qui signerait une sortie de récession.

L’indice PMI avait enregistré une nette progression le mois dernier, à 49,7 points contre 47,9 points en novembre, affichant ainsi sa meilleure performance depuis huit mois, un bond qu’il n’a pas réitéré.

Les données ayant permis d’établir cet indice ont été recueillies entre le 12 et le 22 janvier, soit après les attentats qui ont frappé la France entre le 7 et le 9 janvier. Toutefois la société Markit ne fait aucune mention d’un impact éventuel de ces évènements.

“La conjoncture reste difficile dans le secteur privé français en ce début d’année 2015”, a commenté Jack Kennedy, économiste chez Markit, dans le communiqué de la société.

De son côté l’Insee, qui interroge également les entreprises chaque mois, à une plus grande échelle, a fait état d’un moral des entrepreneurs stable pour le premier mois de l’année.

L’indicateur de l’Insee qui mesure le climat des affaires à travers tous les secteurs s’est établi à 94 points, comme en novembre et en décembre.

L’Insee a précisé que “l’indicateur de retournement”, mesure particulière du moral des entrepreneurs censée anticiper l’évolution conjoncturelle, restait “dans la zone favorable”, propice à une reprise.

Stable dans l’industrie comme dans les services, le baromètre de l’Insee a fléchi dans le secteur en crise du bâtiment, mais s’est au contraire redressé dans le commerce de détail.

L’enquête pour le mois de janvier a été menée tout au long du mois, donc avant et après les attentats des 7 au 9 janvier, a précisé le service de presse de l’Insee.

L’Insee table sur une légère accélération de la croissance en France, à 0,3% au premier et au deuxième trimestre 2015 après 0,1% au dernier trimestre 2014, grâce en grande partie au pétrole moins cher et à l’euro moins fort.

Philippe Waechter, directeur des études économiques de Natixis AM, veut croire à ce scénario.

Discernant notamment un frémissement des commandes, il explique que “si la demande reprend du souffle, le scénario d’amélioration en 2015 pourra se dérouler”.

Pour Dominique Barbet, de BNP Paribas, ces deux publications vendredi sont un “étrange cocktail”, appelant des conclusions mitigées.

M. Barbet souligne une bonne surprise du côté du moral des commerçants, ce qui laisse entendre que les fêtes de fin d’année ont été fructueuses et que les attentats n’ont pas profondément perturbé la période de soldes.

Il souligne toutefois que “la baisse du pétrole et l’affaiblissement de l’euro sont deux éléments favorables pour l’activité industrielle”, mais que leur effet conjugué “n’a pas réussi à faire décoller le climat des affaires” dans ce secteur.

L’indicateur de l’Insee pour le climat des affaires dans l’industrie stagne en effet depuis trois mois, alors même que sur cette période la devise européenne n’a cessé de baisser face au dollar, et le pétrole de se déprécier, ce qui aurait dû rendre les chefs d’entreprises plus optimistes.

Le gouvernement français répète en effet à l’envi que l’euro faible, le pétrole meilleur marché et la politique monétaire très expansionniste en zone euro constituent un “alignement de planètes” extrêmement favorable, susceptible de porter la croissance à 1% cette année, contre seulement 0,4% estimé en 2014.

Les sondages rendus publics vendredi ne tiennent pas encore compte de la dernière initiative de la Banque centrale européenne, qui a pris jeudi la décision historique de soutenir la conjoncture en rachetant de la dette, pour plus de 1.000 milliards d’euros.