Des agences de voyages se sont déclarées contre la décision du gouvernement concernant la révision à la baisse du montant autorisé des transferts en devises au titre des voyages organisés à l’étranger.
Le président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV), Mohamed Ali Toumi, estime que la réduction de ce montant ou son annulation “aura de mauvais impacts sur l’activité des agences de voyage et sur le tourisme tunisien en général”.
Le secteur, a-t-il rappelé, génère chaque année des recettes de de l’ordre de 3,2 milliards de dinars et couvre 62% du déficit de la balance commerciale.
La valeur des transferts (qui permet aux agences de voyage de payer leurs factures et de respecter leurs engagements avec leurs partenaires à l’étranger) est estimée actuellement à 20 millions de dinars.
Les agences de voyage avaient demandé le doublement de ce montant, soit à 40 millions de dinars, en raison de la dépréciation du dinar et de la baisse d’activité touristique.
M. Toumi a précisé que cette décision, une fois mise en application, va causer la fermeture d’un grand nombre d’agences de voyage et, partant, la perte de milliers de postes d’emplois.
Elle engendrera aussi, d’après lui, une grande baisse des voyages organisés et risque d’altérer l’image de la Tunisie aux yeux des étrangers résidents dans le pays, notamment ceux qui travaillent au sein des sociétés off-shore et multinationales.
Non à l’adoption du principe de déduction des frais de voyages
Les professionnels refusent également l’adoption du principe de déduction des frais de voyages des droits de transfert au titre de l’allocation touristique.
“Cette mesure va aussi causer la réticence des clients à faire recours aux services des agences de voyages”, a déclaré Toumi.
De son côté, Mourad Hattab a estimé que la décision d’annuler ou de ne pas augmenter la valeur des transferts conformément aux réglementations en vigueur “va créer une activité informelle de voyages organisés”. Elle est de nature à encourager des agences de voyages informelles à organiser des voyages à l’étranger où le client sera contraint de payer les frais d’hébergement en devises.
En plus, la décision est en infraction du système d’autorisations adopté par les services de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) pour les programmes de voyages à l’étranger. “Elle donnera place, ainsi, à des dépassements d’envergure et à des infractions des lois régissant le tourisme et les voyages”, selon l’expert.
Le ministère du Tourisme a, pour sa part, écarté l’intention d’annuler ces transferts en devises pour les voyages organisés à l’étranger. Le chef de cabinet de la ministre du Tourisme, Nabil Baziouche, a rappelé qu’il a été décidé, lors d’une réunion ministérielle tenue en décembre 2014, de consacrer un premier montant d’une valeur de 20 millions de dinars au titre de l’année 2015 pour les voyages organisés à l’étranger.
Il a ajouté que cette réunion a décidé également l’élaboration d’une étude avec la participation de plusieurs parties (BCT, professionnels, etc.) pour évaluer la filière et ensuite pour prendre les décisions appropriées, après trois mois environ.
Le responsable a précisé que le montant des transferts a été bien dépassé en 2014 pour atteindre 25 millions de dinars, et ce suite à une demande d’augmentation de la part du département du Tourisme.