Microsoft regarde à nouveau vers l’avenir avec ses HoloLens

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à d: des responsables de Microsoft, Joe Belfiore, Terry Myerson et Alex Kipman, avec les HoloLens développées par la firme américaine, le 21 janvier 2015 à Redmond (Photo : Glenn Chapman)

[25/01/2015 14:54:11] New York (AFP) Avec ses lunettes futuristes HoloLens, à mi-chemin entre les Google Glass et le casque de réalité virtuelle Oculus, Microsoft démontre à la fois les potentialités d’une nouvelle technologie et sa propre capacité à encore surprendre.

Le prototype présenté par le géant américain des logiciels, propose une “réalité augmentée”: les verres laissent voir le monde réel, mais des hologrammes s’y superposent.

Carolina Milanesi, une analyste du cabinet Kantar Worldpanel de son propre aveu peu intéressée par les jeux vidéo, explique à l’AFP avoir surtout apprécié “les opportunités dans un environnement plus quotidien”.

Lors d’une communication vidéo par Skype, une ingénieure “m’a guidée pour changer un interrupteur électrique. Elle pouvait tracer des lignes et des flèches pour indiquer des choses, les outils que je devais prendre ou l’endroit où couper les fils”, raconte-t-elle, imaginant aider ainsi les enfants à faire leurs devoirs, ou à faire des diagnostics et du support technique professionnel à distance.

Pour de tels usages à distance, Microsoft va coopérer avec l’agence spatiale américaine: les HoloLens doivent “téléporter” des scientifiques de la Nasa sur Mars à côté du robot Curiosity. “C’est l’avenir de l’exploration spatiale”, a affirmé l’un d’eux lors d’une démonstration.

Jack Gold, président de la société de recherche technologique J. Gold Associates, relève plutôt l’utilisation des HoloLens pour concevoir un objet ensuite imprimé en 3D.

A ce stade l’objet imprimé “n’est pas très utile, mais imaginez une entreprise qui doit produire une pièce de remplacement. Ou dans le domaine médical, une prothèse de genou. C’est le genre de choses qu’on verra dans quelques années”, prédit-il à l’AFP.

– Nouvelle frontière informatique –

Certains, comme Frank Gillett, du cabinet de recherche Forrester, évoquent carrément une révolution informatique. “HoloLens offre une nouvelle plateforme et une expérience informatique à l’échelle du premier PC et du lancement de l’iPhone d’Apple”, a-t-il affirmé sur son blog après avoir testé l’appareil.

“Nous ne savons pas où ira le futur de la réalité virtuelle, de la 3D et de l’imagerie holographique”, nuance Jack Gold. “Ceci va changer énormément la manière dont les gens interagissent avec les ordinateurs”, avance-t-il. “Mais ça ne viendra pas rapidement ni sans difficultés.”

En témoignent les Google Glass, le prototype de lunettes interactives dont le géant internet a récemment suspendu la vente. Cher et jugé intrusif avec sa caméra intégrée, il n’a pas convaincu tout le monde.

Cela ne dissuade pas les groupes technologiques de vouloir élargir notre vision. Outre l’expérience Glass, Google a racheté la startup spécialisée dans la réalité augmentée Magic Leap.

Parmi les partisans de la réalité virtuelle, Facebook a misé 2 milliards de dollars sur Oculus, qui travaille sur un prototype de casque (Oculus Rift) et sur une version adaptable aux smartphones de Samsung (Gear VR). Sony a son propre projet, Morpheus, pour sa console de jeux PlayStation.

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étaillée des lunettes HoloLens de Microsoft, le 21 janvier 2015 à Redmond, aux Etats-Unis (Photo : Glenn Chapman)

Si son intérêt apparaît immédiatement pour les joueurs, la réalité virtuelle est “trop brutale pour la plupart des gens”, car elle enferme dans un monde imaginaire et coupe complètement du réel, indique à l’AFP Roger Kay, analyste chez Endpoint Technologies.

“La réalité augmentée est la manière dont ce type de technologie va toucher le grand public”, en ajoutant des informations utiles au monde réel, estime-t-il. Par exemple, un touriste verra apparaître en direct l’histoire de l’endroit qu’il visite, ou les critiques des restaurants devant lesquels il passe.

– Facteur ‘cool’ –

“Tout en reconnaissant le facteur +cool+ des HoloLens, nous pensons que l’appareil suscitera probablement une demande assez limitée”, estiment les analystes de la banque Jefferies.

Mais que l’appareil se vende ou pas, Microsoft a peut-être déjà gagné en prouvant qu’il sait encore innover.

“L’exécution reste une interrogation: sont-ils capables de les mettre sur le marché à un prix où elles peuvent se vendre? Mais créer quelque chose comme ça est impressionnant”, juge Carolina Milanesi.

Elle y voit un message pour les développeurs, plus intéressés aujourd’hui par le mobile où Microsoft est distancé par Apple et Google. “Ils voulaient leur dire: nous ne sommes pas une vieille plateforme, nous ne nous limitons pas au PC”, dit-elle.

“Ils essayent de montrer: regardez, nous sommes de retour, on nous a dit mourant mais ce n’est pas vrai”, renchérit Jack Gold.