ège de la BCE à Francfort le 22 janvier 2015 (Photo : Daniel Roland) |
[26/01/2015 08:35:36] Francfort (AFP) La BCE ne pourrait pas accepter une restructuration de ses titres grecs et le nouveau pouvoir à Athènes doit payer ses dettes et ne surtout pas agir de manière unilatérale, a estimé lundi Benoît Coeuré, membre du directoire de l’institution.
Le nouveau gouvernement qui sera formé après la victoire électorale du parti de gauche radicale Syriza “doit payer, ce sont les règles du jeu européen, il n’y a pas de place pour un comportement unilatéral en Europe”, a affirmé au micro d’Europe 1 lundi M. Coeuré.
“Cela n’exclut pas un rééchelonnement”, a dit M. Coeuré, ajoutant qu’il “y aura une discussion” sur la dette grecque, conduite par les gouvernements.
Les Grecs ont donné dimanche une victoire historique au parti de gauche radicale Syriza. Son chef de file, Alexis Tsipras, souhaite négocier avec l’Europe la réduction de l’énorme dette du pays (175% du PIB), tout en se déclarant “prêt à coopérer et à négocier (…) une solution juste, viable et qui bénéficie à tous”.
“Il est absolument clair que nous ne pouvons approuver aucune réduction de la dette qui toucherait les titres grecs détenus par la BCE. Cela est impossible pour des raisons juridiques”, a également averti M. Coeuré dans une interview au quotidien économique allemand Handelsblatt.
Le mandat de la BCE lui interdit de financer les Etats européens ce qui serait le cas lors d’une telle opération.
La BCE détient actuellement 27,2 milliards d’euros de dette grecque négociable, soit environ 42% du total. Deux de ces obligations arrivent à échéance le 20 juillet, pour 3,5 milliards d’euros, et deux autres en août, pour 3,2 milliards d’euros.
– Inquiétude de David Cameron –
Mais pour ce qui est des autres titres en circulation, “ce n’est pas à la BCE de décider si la Grèce a besoin d’une réduction de sa dette”, a expliqué M. Coeuré, renvoyant la balle dans le camp politique européen.
à Athènes, en Grèce, le 25 janvier 2015 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
C’est notamment “40 milliards d’euros que la Grèce doit à la France. Ils ne sont pas dus aux spéculateurs ou aux marchés financiers. Ils sont dus aux contribuables français”, a-t-il renchéri sur Europe 1. “Annuler ces 40 milliards d’euros ce serait un don à la Grèce, tout rééchelonnement de la dette doit avoir un sens”, a-t-il ajouté en précisant que des négociations commenceraient “certainement” lundi ou mardi.
La nouvelle donne politique en Grèce sera de toute façon au menu de la réunion des ministres des Finances de la zone euro, réunis à Bruxelles lundi et mardi.
“Il faut que l’Europe montre qu’elle peut s’adapter à un changement de gouvernement, même radical, dans un pays membre”, a estimé M. Coeuré tout en insistant sur la nécessité pour Athènes de “continuer les réformes pour que l’économie grecque s’en sorte”.
Le président français François Hollande a été l’un des premiers à féliciter M. Tsipras pour son élection. Le Premier ministre britannique David Cameron s’est en revanche ouvertement inquiété, sur son compte Twitter, d’un choix du peuple grec qui “accroîtra l’incertitude économique en Europe”.
Quant au président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, il a pour sa part exhorté M. Tsipras à “ne pas faire de promesses illusoires” à ses concitoyens.