Habib Essid et son gouvernement sont sur le qui-vive en attendant le vote du mardi 27 janvier à l’Assemblée. Le gouvernement ne satisfait pas beaucoup de monde, et c’est dans l’ordre des choses après l’abandon de la version de coalition avec Ennahdha qui a été avancée à un certain moment.
Il est dans l’ordre des choses que les deux partis les plus importants à l’ARP, Ennahdha et le Front Populaire, ne soient pas satisfaits du gouvernement Essid, et ce pour des raisons opposées évidement. Et si on ajoute à ces deux partis (qui totalisent 69 et 15 députés), les autres partis dont on n’attend pas un vote favorable (comme le CPR avec 4 députés ou le Mouvement Echaab avec 3 députés), la partie ne va pas se jouer facilement.
Le gouvernement Essid peut compter sur les députés du Nida bien sûr avec aussi ceux de l’UPL représenté par 3 ministres. Mais la majorité de 109 députés n’y est pas. D’après plusieurs calculs et en agrégeant les voix de certains petits partis et ceux d’Elmoubadara, le gouvernement peut espérer arriver à 107 voix. Mais Kamel Morjane a déclaré officiellement que son parti ne soutiendra pas le gouvernement. Là, les voix du parti Afek Tounes de Yassine Ibrahim seront d’une grande utilité, sauf que ce parti semble, lui aussi, ne pas vouloir voter la confiance au gouvernement, d’après une déclaration du député Noomen Fehri.
Les tractations vont bon train évidement et il est à craindre que l’ARP ne fasse tomber le gouvernement avant sa mise ne place. Deux questions se posent : D’abord pourquoi on est arrivé là? Ensuite, pourquoi Habib Essid a choisi un gouvernement apolitique dans sa majorité alors que les enjeux sont éminemment politiques? Le parti Nidaa Tounes a été pendant toute la période de tractations divisé sur la démarche à suivre et on a même vu certains militants notoires manifester contre leur parti dans la perspective d’une coalition élargie avec Ennahdha. Mais de là à perdre les soutiens d’Afek Tounes et d’ELMOUBADARA, il fallait éviter cette situation. Habib Essid n’a pas su l’éviter et il risque de se voir rejeter par l’Assemblée.