ée nationale au premier jour des débat sur le projet de loi Macron, le 26 janvier 2015 (Photo : Jacques Demarthon) |
[26/01/2015 16:45:51] Paris (AFP) La loi Macron aura-t-elle un impact sur la croissance et l’emploi? Personne, pas même le gouvernement, ne se risque à donner des chiffres, la plupart des observateurs y voyant une série de “messages” d’ouverture et de déblocages qui porteront leurs fruits à plus long terme.
Alors que son prédécesseur à Bercy Arnaud Montebourg annonçait en grande pompe que sa loi sur la croissance allait restituer 6 milliards d’euros de pouvoir d’achat aux Français, le ministre de l?Économie Emmanuel Macron s’est bien gardé d’aucun calcul. Il soumet son texte au débat en séance à l’Assemblée nationale à partir de lundi.
En présentant son projet de loi le 10 décembre, il avait rappelé avoir “toujours été sceptique” sur les prévisions avancées et ne pas croire “beaucoup aux évaluations a priori”.
Une position qui a changé depuis puisque le ministre a demandé en tout début de l’année à plusieurs organes de réflexion de produire des notes d’impact des principales mesures de la loi.
Il faut dire que le Conseil d?État lui-même, dont l’avis était paru en décembre dans la presse, a vertement critiqué les études d’impact attachées au texte du projet de loi.
Au premier rang des organes consultés, le commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie), placé auprès du Premier ministre. Lundi dernier, une commission composée par le commissaire général Jean Pisani-Ferry avait déjà rendu quatre rapports, plutôt élogieux, sur le travail du dimanche, l’ouverture du marché des autocars, la réforme des prud’homes et les professions réglementées.
– Impact sur l’emploi –
Le ministre a également contacté nombre de think tank économiques, de gauche comme de droite, pour que ceux-ci “éclairent” le débat parlementaire de leurs observations. Jusqu’ici aucune de ces évaluations n’a fait l’objet d’une communication.
à Paris le 26 janvier 2015 (Photo : Martin Bureau) |
Reste que c’est en terme d’impact sur l’emploi que la loi Macron fait le plus parler d’elle. En creux, par ceux qu’elle pourrait “supprimer” ou “menacer” (15.000 emplois, soit 20% des effectifs de la profession, selon les notaires). En plein, ceux que créerait, par exemple, la libéralisation des services d’autocars (environ 22.000 selon France Stratégie) ou l’ouverture des commerces le dimanche.
Mais c’est plus son “effet psychologique” que son effet pratique qui est remarqué.
La loi Macron, “c’est de l’ordre du message, un message très positif, personne ne quantifie (ses effets) parce qu’il n’y a pas d’effets quantifiables pour l’instant”, explique à l’AFP Christian Saint-Étienne, professeur d’économie au Cnam.
Pour lui, “le plus probable, c’est que ça se traduira par des baisses de prix plus que par des créations d’emplois”. Soit pas forcément une bonne nouvelle, observe-t-il, lorsqu’on songe aux restructurations dans le secteur des télécoms au moment où les prix des communications téléphoniques se sont effondrés.
Le président du club des entrepreneurs qui revendique plus de 18.500 membres, Guillaume Cairou, n’a à l’inverse aucun doute. La loi Macron va “créer des emplois”, “réduire la précarité” et “réintégrer les exclus du marché du travail en recréant de l’emploi”.
Elle “initiera une dynamique positive (…), elle est le premier pas d’une transition vers une France modernisée”, s’enflamme-t-il dans un appel à voter en faveur du texte.
La loi n’est accompagnée d'”aucun chiffrage”, regrette la Chambre de commerce et d’industrie d’Ile-de-France, qui relève néanmoins les “messages forts” qu’elle envoie “tant à nos partenaires qu’à l’opinion publique”.
Premier pas, message, signal: si personne ne crie victoire, tous les espoirs semblent permis face à cette loi qui reprend quelques points soulevés en 2008 par “la commission pour la libération de la croissance” présidée par Jacques Attali et vite enterrée par la droite, notamment sur la libéralisation des professions réglementées.
Mais là encore, est-ce suffisant pour convaincre? “Le ministre prétend s’attaquer aux rentes, mais (…) il s’abstient de toucher aux plus importantes de ces rentes”, proteste Philippe Légé, maître de conférence à l’université de Picardie et membre du collectif des économistes atterrés. L’expert cite notamment les banques et les sociétés d’autoroutes qui ont “distribué près de 15 milliards de dividendes depuis 2006”.