Russie : le plan d’aide aux banques se précise, son insuffisance aussi

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éléphone devant un écran de la Sberbank, la plus grande banque russe, le 16 décembre 2014 (Photo : Dmitry Serebryakov)

[26/01/2015 16:45:23] Moscou (AFP) Le plan d’aide aux banques mis sur pied par le gouvernement russe face à l’effondrement du rouble s’est précisé lundi avec la révélation par la presse de ses bénéficiaires, mais les autorités préviennent qu’il n’empêchera pas la disparition de certains acteurs du secteur.

Le programme de recapitalisation sur fonds publics, adopté fin décembre après une chute de la monnaie inédite en 15 ans de pouvoir de Vladimir Poutine, prévoit au total le déblocage de 1.000 milliards de roubles (13,5 milliards d’euros).

Le temps presse pour les autorités qui cherchent à éviter un effondrement du système au moment où la Russie se prépare à une profonde récession cette année. Elles avaient d’ailleurs injecté des fonds dès la fin décembre dans les numéros deux et trois du secteur, VTB et Gazprombank, tous deux publics.

A l’issue d’une réunion consacrée vendredi à la répartition des fonds, le ministre des Finances Anton Silouanov a indiqué que 27 banques seraient concernées, sans révéler lesquelles.

Les journaux Vedomosti et Kommersant, ainsi que le site RBK, ont dévoilé lundi leur liste. Selon eux, 830 milliards de roubles (11,3 milliards d’euros) ont été attribués, le reste devant revenir à des grosses banques régionales.

Le groupe VTB est le principal bénéficiaire avec une injection de fonds publics dépassant 300 milliards de roubles (4 milliards d’euros), répartis entre VTB elle-même, sa filiale de banque de détail VTB 24, et la Banque de Moscou.

Viennent ensuite les banques publiques Gazprombank (126 milliards de roubles, 1,7 milliard d’euros) et Rosselkhozbank, spécialisée dans le secteur agricole, (69 milliards de roubles, 930 millions d’euros), puis des acteurs privés dont Alfa Bank (63 milliards de roubles, 850 millions d’euros).

Le numéro un du secteur, Sberbank, avait déjà indiqué ne pas avoir besoin d’aide publique.

Les banques filiales de groupes étrangers ont été exclues du programme, qui pose comme condition de soutenir les sociétés tombant sous le coup de sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne.

– Vers des disparitions –

Les banques russes, déjà privées d’accès aux marchés de capitaux par les sanctions, ont subi des retraits massifs de la part des clients au plus fort de la chute du rouble mi-décembre.

Avec la hausse de taux spectaculaire décrétée par la banque centrale et la baisse de l’activité économique attendue, les mois à venir s’annoncent très difficiles, certains emprunteurs -particuliers comme entreprises- peinant à rembourser leurs crédits.

Dans ces conditions, le patron de VTB 24, Mikhaïl Zadornov, a prévenu la semaine dernière qu’il fallait s’attendre à la disparition de plusieurs banques, y compris des grosses.

“Le système bancaire (…) va traverser une période de consolidation”, a confirmé ce week- end le numéro deux du gouvernement, Igor Chouvalov, relevant qu’il y avait “beaucoup de banques” en Russie (plus de 800 héritées des années post-soviétiques).

Au départ, les autorités avaient laissé entendre que le plan pourrait concerner plus d’une centaine d’établissements.

Mais le gouvernement a ensuite appliqué de strictes conditions, expliquant qu’il ne s’agissait pas d’aider les banques en difficulté mais d’assurer le financement de l’économie attendue en profonde récession cette année.

En particulier, les bénéficiaires s’engagent à augmenter l’attribution de crédits immobiliers, des crédits aux petites et moyennes entreprises ainsi qu’aux entreprises des secteurs jugés stratégiques de l’économie, comme l’a rappelé vendredi l’agence d’assurance des dépôts bancaires.

Les banques devront en outre augmenter elles-même leur capital à hauteur de 50% des fonds publics injectés, en puisant dans leurs profits ou en mettant à contribution leurs actionnaires.

Malgré ces injections, “le plan du gouvernement pourrait devoir être doublé”, ont estimé lundi les analystes du cabinet londonien Capital Economics.

La banque centrale a déjà estimé que si les cours du pétrole restaient à leur faible niveau actuel, le secteur financier devrait pour résister mettre en réserves le triple de ce qui est prévu par le plan gouvernemental.

Signe des difficultés du secteur, SB Bank, 80e du pays en termes d’actifs, a cessé lundi de distribuer du numéraire aux particuliers, sans préciser quand elle pourrait reprendre.