La dette, enjeu à 315 milliards d’euros du nouveau gouvernement grec

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à un meeting électoral de Syriza, le 22 janvier 2015 à Athènes
(Photo : Aris Messinis)

[27/01/2015 11:17:24] Berlin (AFP) La dette est un enjeu crucial pour le gouvernement qui se met en place à Athènes, et sera au centre des discussions à venir entre le Premier ministre Alexis Tsipras grec et ses partenaires européens, ses principaux créanciers.

QUESTION: A combien s’élève la dette grecque?

REPONSE: A plus de 315 milliards d’euros. Le chiffre précis varie selon les sources: Eurostat parle de 315,5 milliards d’euros à fin septembre 2014, le fonds européen FESF de 324 milliards d’euros.

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

La dette représente entre 175% et 177% du Produit intérieur brut (PIB) grec, selon les sources, le pays détenant le record en la matière dans l’Union européenne.

Ce chiffre pose la question de la “soutenabilité” de la dette grecque. Le service de la dette, c’est-à-dire les intérêts versés année après année aux créanciers, “mange” une grosse partie des ressources financières du pays, l’empêchant d’investir et bridant la croissance.

La question de la dette est donc un enjeu capital pour le pays.

Q: Qui détient la dette grecque? Quand doit-elle être remboursée?

R: Le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) est le premier créditeur du pays, il détient plus de 40% de la dette. Mis sur pied en 2010 pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté, il a prêté à la Grèce 141,8 milliards d’euros en plusieurs tranches. En moyenne, les prêts du FESF ont une durée de 30 ans.

Cet argent, le FESF l’a levé sur le marché, mais les pays de la zone euro ont apporté des garanties équivalentes, proportionnellement au poids de leur économie dans le bloc monétaire. L’Allemagne est engagée à hauteur de plus de 40 milliards d’euros, la France de 31 miliards et ainsi de suite.

Outre ces garanties, les partenaires de la Grèce en zone euro ont déboursé 52,9 milliards d’euros sous forme de prêts bilatéraux lors d’un premier plan d’aide au pays. Là aussi la clé de répartition par pays est le poids de l’économie dans la zone.

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ège de la Banque centrale européene (BCE) à Francfort (Photo : Daniel Roland)

La Banque centrale européenne (BCE), qui a acheté à partir de 2010 des obligations grecques sur le marché, détient environ 25 milliards d’euros de dette émise par Athènes, selon un porte-parole. Même chose (25 milliards d’euros) pour le Fonds monétaire international (FMI), qui était associé aux plans d’aide successifs des Européens.

Le reste de la dette, sous forme d’obligations, est détenu par des acteurs de marché, essentiellement des banques. Les obligations grecques en circulation ont une maturité moyenne d’un peu plus de 8 ans.

L’exposition totale de chaque pays européen à la Grèce agrège les titres détenus par ses banques, ses prêts bilatéraux, son engagement dans le FMI… Pour la France, le directeur de la Banque centrale européenne (BCE) Benoît Coeuré a évoqué lundi un chiffre de 40 milliards d’euros.

Q: Que s’est-il passé jusqu’ici en terme d’allègement de la dette?

R: Début 2012 la Grèce a procédé à une opération d’échange de dette. Cette manoeuvre appelée PSI (Private Sector Involvement) visait à alléger le poids de la dette: les créanciers privés ont vu leurs titres remplacés par d’autres moins rentables. Quelque 100 milliards d’euros de dette ont ainsi été effacés.

Les créanciers publics ont à l’époque également consenti des aménagements, à savoir des taux plus avantageux ou des allongements d’échéance. Mais un effacement de la dette auprès des créanciers publics est pour le moment tabou.

Q: Quels sont les scénarios possibles?

R: Un effacement pur et simple de la dette, ou au moins une partie, paraît exclu au vu des déclarations des dirigeants européens. Mais “on ne va pas échapper à une renégociation”, reconnaissait pour l’AFP une source européenne. Comme en 2012, il pourrait s’agir par exemple d’une nouvelle réduction des taux d’intérêt, et/ou d’un allongement de leur durée. Même si cela ne porte que sur les prêts européens (FESF + prêts bilatéraux), l’allègement serait perceptible pour la Grèce, puisque ceux-ci représentent plus de 60% du total.