La Tunisie pourrait bien s’inspirer de l’expérience réussie de la République Tchèque en matière de gestion des déchets municipaux solides (DMS) par incinération. C’est ce qu’ont souligné, lundi 26 janvier à Tunis, des responsables tchèques, lors d’un séminaire sur la valorisation des déchets.
A l’occasion de cette rencontre organisée par l’ambassade de la République Tchèque à Tunis, Roman Masika, directeur Technique du groupe tchèque CKD, spécialisé dans l’ingénierie et les industries électriques, a indiqué que la tradition d’incinération qui remonte à 25 ans dans son pays, a fait ses preuves.
Il a évoqué, dans ce contexte, les performances de l’usine d’incinération des déchets solides à Zevo Malesice, qui traite 210.000 tonnes de déchets municipaux par an et qui a permis de produire 3.111 tonnes par an de déchets métaux (soit équivalent à 20 kilomètres de rails), 1.200 tonnes par jour de chaleur pour 20.000 foyers et de l’électricité pour 20.000 ménages.
Cette technique d’incinération des DMS, utilisée par plusieurs pays développés, peut remplacer celle de l’enfouissement (principal procédé de traitement des déchets en Tunisie), dont les mauvais impacts ont été prouvés sur la nature, les sols non étanches et la santé des habitants riverains des décharges.
L’enfouissement est aussi, selon de nombreux experts, une technique archaïque qui pourrait avoir d’extrêmes risques de contamination du sol et des eaux superficielles et souterraines.
D’après le responsable tchèque, “le stockage des déchets est désormais déconseillé et les meilleures alternatives pour leur valorisation sont l’incinération et la gazéification”.
Car l’incinération des déchets solides permet de produire de l’énergie permanente et renouvelable et de réduire leur volume par 10 et leur poids entre 25 à 30%. Ceci peut résoudre le problème de prolifération des ordures et l’incapacité des décharges à recevoir davantage de déchets municipaux.
Cette technique (incinération) permet aussi de réduire de manière significative les facteurs nuisibles découlant de l’élimination des déchets municipaux solides (mauvaises odeurs?..)et aide à réaliser une production combinée de chaleur et d’énergie électrique.
En Tunisie, où la crise de gestion des déchets se poursuit depuis la révolution, des projets sociaux et de valorisation énergétique des déchets municipaux pourraient êtres entrepris, estime le responsable de la société tchèque.
Intervenant à cette occasion, Mounir Majdoub, secrétaire d’Etat chargé du Développement durable a évoqué, pour sa part, la nécessité d’aller de l’avant sur la voie du partenariat public-privé (PPP) et aussi celle du partenariat privé-privé pour concrétiser des projets de coopération dans le domaine de gestion des déchets.
Mokhtar Hammami, directeur général des groupements publics et régionaux au sein du Ministère de l’Intérieur a déclaré, lui, que pour introduire la technique d’incinération en Tunisie, il faut d’abord savoir intéresser les municipalités et les structures régionales concernées et leur convaincre d’opter pour ce choix.
D’après lui, il est aussi nécessaire d’adapter les expériences présentées au contexte tunisien non seulement en ce qui concerne les coûts des techniques de traitement des déchets, mais aussi en terme de législations et lois régissant le secteur.
Pour Jiri Dolezl, ambassadeur de la République Tchèque à Tunis, plusieurs opportunités de coopération sont offertes entre la Tunisie et la Tchéquie, notamment, dans les secteurs du transport, de la santé, du traitement des eaux usées et des déchets et aussi l’agroalimentaire.