Le sujet central de la semaine restera le gouvernement mort-né de Habib Essid et sa prochaine version au début de la semaine prochaine, en tout cas avant le 4 février, délais constitutionnel de rigueur!
Certains analystes se sont penchés sur les raisons profondes de cet échec qui augure mal du passage à «la normalité» démocratique tant souhaitée par les Tunisiens. A vrai dire, une série de couacs sont perceptibles à partir de la désignation du chef du gouvernement par Nidaa Tounes –mais officieusement par BCE lui-même!
Le chef du gouvernement présente déjà deux handicaps malgré sa bonne image! Il a été un haut fonctionnaire remarqué sous Ben Ali et au ministère de l’Intérieur -cœur du pouvoir de Ben Ali-, et il a été le conseiller de Hamadi Jebali pour la sécurité! Non seulement il est classé «zelem» mais en plus il a traficoté avec Ennahdha! Pour le président de la République, le choix d’Essid était peut-être un pis-aller, mais on aurait pu trouver mieux sérieusement.
En second lieu, Habib Essid, avec tout le bien qu’on dit sur sa personne et sa compétence largement administrative, n’a aucune expérience politique. Il n’est même pas membre du parti vainqueur des élections (?). Alors, comment Nidaa et son chef ont accepté l’idée de nommer un chef de gouvernement «neutre», et pour quel gain politique? Amadouer Ennahdha, pensent certains, vraisemblablement ça n’a pas suffit!
Commence alors pour le chef de gouvernement désigné le long marathon des tractations avec les partis. Le Monsieur n’est même pas en accord total avec le parti qui l’a désigné, en l’occurrence Nidaa Tounes, à propos d’un axe majeur de sa démarche: faire participer ou au moins neutraliser Ennahdha. Nidaa lui-même se chamaille.
M. Essid veut le beurre et l’argent du beurre. Il veut un gouvernement politique sans poids lourds politiques, des grandes compétences mais non partisanes, plaire à Ennahdha et pourquoi pas à Hamma Hammami dans la foulée.
Dans ces tractations et devant les difficultés, Essid a essayé ce qu’il a pu. Il a fini par accepter les ministres de l’UPL sans faire attention à leurs CV, ce qui a causé un gros couac dès l’annonce vendredi dernier de la liste. Il a fâché Afek Tounes et Al Moubadra, pourtant deux alliés stratégiques de BCE et fort utile à l’ARP et au vote de confiance au gouvernement. Avec les nominations d’un tiers de ministres issus de la gauche, il a attisé la colère d’Ennahdha et de sa presse qui l’ont laminé rapidement sans pour autant gagner la confiance ni du Front Populaire, ni de l’UGTT ni d’aucun parti de gauche!
Dans ces conditions, on peut vraiment avoir pitié de M. Habib Essid et surtout de ce qui l’attend les deux ou trois prochains jours!