Vallourec : 2014, “annus horribilis” qui fait plonger le groupe dans le rouge

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Vue dans une usine Vallourec de Changzhou, en Chine, le 3 mai 2012 (Photo : Vallourec)

[29/01/2015 10:04:50] Paris (AFP) Avertissement sur résultats, dégringolade du cours qui l’expulse du Cac 40 et, cerise sur le gâteau, une dépréciation jeudi de plus d’un milliard d’euros qui le fait plonger dans le rouge: 2014 a été une “annus horribilis” pour Vallourec.

Le fabricant de tubes sans soudure a payé très cher la récente et brutale chute du prix du brut et les décisions de ses principaux clients, les compagnies pétrolières, de réduire la voilure en renonçant à des investissements coûteux et peu rentables avec le prix du baril autour de 50 euros.

“Plusieurs de nos marchés sont affectés depuis un certain temps par une évolution structurelle défavorable. Maintenant, c’est le secteur pétrolier qui est touché”, a reconnu jeudi le président du directoire, Philippe Crouzet, lors d’une conférence téléphonique.

Une dégradation qui a contraint le groupe à passer une dépréciation d’actifs considérable de 1 à 1,2 milliard d’euros, soit plus que les 920 millions d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) dégagés en 2013 et près d’un cinquième du chiffre d’affaires, qui s’était élevé à 5,6 milliards.

Cette dépréciation est partagée en deux parties identiques de 500 à 600 millions d’euros. La première concerne l’usine inaugurée en 2011 au Brésil, en coentreprise avec Nippon Steel, et la seconde les actifs européen du groupe.

Moins de quatre ans après son inauguration en 2011, la valeur du site de Belo Horizonte a ainsi fondu de moitié dans les comptes du groupe, qui avait investi 1,1 milliard d’euros dans la construction de cette usine, sa première depuis les années 60.

Créée en coentreprise avec Nippon Steel, qui a également passé une dépréciation jeudi sur le site brésilien, elle avait l’ambition de travailler à l’exportation, contrairement au site historique brésilien du groupe qui fournit essentiellement son plus grand client, le géant pétrolier Petrobras.

Avec l’usine inaugurée deux années plus tard aux Etats-Unis pour se positionner sur le marché du gaz de schistes, ce site brésilien était porteur de nombreux espoirs de développement pour le groupe, aujourd’hui déçus.

Pour le directeur financier, Olivier Mallet, cette dépréciation “ne remet pas en cause la pertinence de notre investissement au Brésil ni la qualité de notre partenariat”. Mais Vallourec va toutefois étudier avec Nippon Steel le renforcement des “efforts pour réduire les coûts et optimiser nos opérations”.

La dépréciation aura un impact conséquent sur les résultats 2014 de Vallourec, qui seront publiés le 24 février. Le directeur a confirmé lors de la conférence téléphonique que le groupe allait présenter des pertes nettes lors de cet exercice.

Après les 9 premiers mois de l’année, il affichait un bénéfice net de 169 millions d’euros.

– Objectifs 2014 confirmés –

En revanche, le groupe écarte des conséquences de cette dépréciation sur sa trésorerie. Il confirme également ses objectifs 2014 en matière de chiffre d’affaires et de résultat d’exploitation.

Le groupe table donc toujours sur des ventes proches de celles de 2013 et sur un Ebitda en baisse d’environ 10%.

Les objectifs d’Ebitda avait fait l’objet d’un avertissement sur résultats dès le mois de juin, quand le groupe avait reconnu qu’il ne parviendrait pas à maintenir un excédent brut d’exploitation stable par rapport à 2013.

A l’époque, Vallourec avait attribué cette décision au recul de la demande du géant pétrolier brésilien Petrobras. Cette fois-ci, M. Crouzet a reconnu que le groupe n’était plus uniquement pénalisé par des raisons conjoncturelles, mais aussi structurelles.

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ésident du directoire de Vallourec, Philippe Crouzet, le 4 juin 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Pour faire face à “un changement profond et potentiellement durable dans certains de ses aspects”, M. Crouzet présentera le 24 février un plan d’adaptation à l’occasion de la publication des résultats annuels.

“Notre responsabilité est d’armer Vallourec au mieux pour l’adapter et le renforcer dans ce nouvel environnement”, a indiqué son patron, qui veut améliorer la “compétitivité structurelle” en misant notamment sur la réduction des coûts et la génération de cash-flow.

Il n’a pas précisé si ce plan passera par des suppressions d’emplois.

Les marchés ont mal réagi à cette dépréciation d’actifs. A la Bourse de Paris, le titre plongeait de plus de 5,17% à 10h17 (9h17 GMT) à 18,72 euros, dans un marché en repli de 0,53%.