ex-Bourse de Paris, le 9 mars 2013 (Photo : Thomas Coex) |
[29/01/2015 10:53:55] Paris (AFP) Le marché des introductions en Bourse à Paris débute l’année sous de bons auspices avec le groupe Elis, qui fera office de test après un second semestre 2014 marqué par le report de nombreuses opérations.
Le spécialiste de la blanchisserie industrielle, qui a présenté mercredi son projet, avait été contraint de repousser son opération initialement prévue fin 2014, en raison de conditions de marché défavorables.
“Cette opération va être un bon test. On avait vu de beaux dossiers se prendre les pieds dans le tapis fin 2014 et pas mal de sociétés sont dans les starting blocks”, souligne Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.
D’ores et déjà, “Elis est un signe très positif”, d’autant que “la Bourse de Paris a besoin de grandes valeurs qui entrent sur le marché”, confirme Philippe Kubisa, spécialiste des marchés de capitaux chez PricewaterhouseCoopers (PwC).
L’année 2014 avait été un millésime particulièrement bon à la Bourse de Paris, qui n’avait plus connu une telle frénésie, surtout au premier semestre, depuis 2007, soit avant la crise financière.
Ces performances avaient toutefois été ternies par une fin d’année difficile, les investisseurs devenant plus frileux, compte tenu d’un marché erratique.
“Les tendances du marché fin 2014 n’ont pas effrayé toutes les entreprises, certaines ont maintenu leur projet d’introduction en Bourse”, confirme Jean-Marc Valensi, associé chez KPMG Capital Market, spécialiste des introductions en Bourse.
Le marché parisien pourrait être dynamisé par le fait qu'”on n’a jamais eu un début d’année en Europe avec autant d’introductions en Bourse”, autour d’une quinzaine, souligne Cyril Court, responsable des marchés de capitaux pour l’Europe chez HSBC.
L’opérateur boursier Euronext, qui chapeaute la Bourse de Paris, partage ce constat.
“De nombreuses sociétés souhaitent venir en Bourse, ce qui est de bon augure pour 2015 qui se présente très bien”, explique Marc Lefèvre, responsable des cotations pour l’Europe chez Euronext.
Il table pour les prochaines semaines sur une demi-douzaine d’opérations concernant des grandes capitalisations sur ses quatre marchés (France, Pays-Bas, Belgique et Portugal), dont une grande partie à Paris.
En 2015, plusieurs candidats devraient se présenter comme le loueur de voitures Europcar, le spécialiste des services techniques dans l’énergie et les communications Spie ou encore le groupe de laboratoires d’analyses médicales Labco.
Les ETI (entreprises de taille intermédiaire) et les PME (petites et moyennes entreprises) devraient profiter du mouvement.
“2015 pourrait être une très belle année pour les PME-ETI, voire meilleure que 2014”, signale Eric Forest, président d’EnterNext, entité réservée à ces entreprises chez Euronext.
Le contexte économique se prête à un début d’année porteur, avec toujours énormément de liquidités sur les marchés, surtout après l’annonce par la Banque centrale européenne (BCE) d’un vaste programme de rachats d’actifs. La Bourse de Paris évolue d’ailleurs au plus haut depuis 2008.
Sans compter que, pour les investisseurs américains, l’Europe offre des occasions très intéressantes “parce que les marchés européens sont moins montés que les marchés américains”, note M. Court.
Les entreprises qui veulent se lancer en Bourse peuvent même bénéficier d’un coup de pouce de la réglementation boursière.
“La réglementation a récemment connu une évolution importante visant à simplifier les démarches des entreprises au moment de leur introduction en Bourse et au cours de leur vie boursière”, rappelle M. Valensi.
Dans ce contexte très favorable, le principal risque est que les entreprises soient trop optimistes dans leur valorisation, ce qui pourrait refroidir des investisseurs, à l’image de ce qui s’était passé pour quelques dossiers en 2014.
“Certaines opérations ne se sont pas réalisées pour des problèmes de valorisation. Il ne faut pas que les entreprises soient trop gourmandes, d’autant que l’évolution en Bourse des entreprises qui se sont cotées sur les douze derniers mois n’était pas toujours très positive”, prévient M. Kubisa.
Toutefois, M. Court rappelle que les investisseurs “ont énormément de liquidités et donc la capacité de placer des ordres importants”.
Pour M. Lefèvre chez Euronext, le fait que le marché soit exigeant serait même une bonne nouvelle.
“Les investisseurs sont sélectifs et c’est une bonne chose. Cela montre que le marché n’est pas dans une période de bulle”, selon lui.