Le palais Brongniart, ancienne Bourse de Paris (Photo : Eric Piermont) |
[30/01/2015 07:11:43] Paris (AFP) Galvanisée par le soutien de la Banque centrale européenne, la baisse de l’euro et des prix du pétrole, la Bourse de Paris démarre l’année sur les chapeaux de roue, espérant que les résultats d’entreprises confirmeront cette envolée.
On assiste à “une embellie sur les marchés financiers après une année morose en 2014”, observe Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement au sein de la banque Pictet.
Après deux années de progressions à deux chiffres, la Bourse de Paris avait terminé l’année 2014 sur un repli.
Mais depuis le 1er janvier, elle a regagné 8,39% pour retrouver ses niveaux de 2008, avant le début de la crise financière.
“L’injection de liquidités” annoncée le 22 janvier par la Banque centrale européenne (BCE) va être “favorable aux actions européennes”, soutient Xavier de Villepion, vendeur d’actions chez HPC, lesquelles vont, selon lui, également bénéficier de la baisse du dollar et des matières premières.
L’institution monétaire de Francfort a ouvert les vannes de la liquidité lors de sa dernière réunion de politique monétaire en annonçant un vaste programme de rachats d’actifs s’étendant aux dettes d’Etat.
“En achetant les titres les moins risqués”, par exemple des obligations d’Etats, dont elle essaie de maintenir les taux au plus bas, les banques centrales cherchent à “inciter les investisseurs à se reporter sur des actifs plus risqués, dont les marchés actions”, explique Jean-Louis Mourier, un économiste du courtier Aurel BGC.
Du point de vue des valeurs, l’arbitrage se fait “plutôt en faveur des valeurs immobilières que des banques sur lesquelles il y a toujours un peu de politique qui pèse”, estime M. de Villepion.
Par ailleurs, tempère M. Mourier, “on ne peut pas vraiment chiffrer l’impact” de la politique de la BCE et “ce que l’on peut craindre, c’est que la plus grande partie de l’effet positif se soit produit dans l’anticipation” de ces annonces.
C’est cette anticipation qui explique “l’engouement pour les actions européennes en ce début d’année”, selon Mme Seivy.
– Un début d’année trop rapide –
Elle a notamment favorisé un recul de la monnaie unique face au dollar, qui lui s’est parallèlement renforcé sous l’effet de l’amélioration de l’économie américaine et du durcissement annoncé de la politique monétaire de la banque centrale américaine, explique-t-elle.
Mais à l’approche de la saison des résultats d’entreprises, la Bourse de Paris se trouve à la croisée des chemins: “il faut impérativement que la hausse des résultats des entreprises soit à la hauteur de la hausse du marché, autrement nous risquons d’assister à un retournement des indices”, résume Mme Seivy.
Selon elle, “le début d’année a été un peu trop rapide dans la progression du marché et il faut vraiment que les entreprises donnent cette validation finale qui justifie la vague d’achats”.
“Certaines valeurs commencent à être tendues en termes de valorisations”, estime de son côté M. de Villepion, qui rappelle que “toutes les grandes valeurs sont au plus haut” comme Air Liquide, Pernod Ricard ou encore Safran “qui profite de la force du dollar”.
Le mouvement d’affaiblissement de la monnaie unique, entamé avant les annonces de la BCE, devrait “permettre le redressement des marges des entreprises”, anticipe Mme Seivy.
Autre avantage pour les entreprises, “le miracle du dollar et des matières premières” va également constituer un “ballon d’oxygène considérable”, poursuit M. de Villepion.
Le baril de pétrole a perdu plus de 50% de sa valeur depuis son pic de juin 2014 sous l’effet de la surabondance d’offre – aggravée par la hausse de la production américaine – et d’une demande atone.
Le secteur pétrolier et parapétrolier pourrait toutefois ne pas sortir indemne de la baisse des cours de l’or noir, comme l’atteste l’évolution récente de certains cours de Bourse à l’occasion de séances agitées.
“Il y aura un impact positif des mouvements de taux de change notamment sur tout le secteur industriel mais la réaction positive des marchés n’est pas garantie”, nuance de son côté M. Mourier. “Il faudra quand même qu’il y ait des éléments positifs en termes d’exploitation et de perspectives”.