Le microcrédit comme moteur pour l’emploi des jeunes des quartiers

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emploi (Photo : Damien Meyer)

[30/01/2015 10:05:44] Paris (AFP) “Quand on a ni argent ni relation, monter sa propre entreprise relève du parcours du combattant”. C’est pour accompagner les jeunes comme Jamel, 33 ans, désormais à la tête d’un centre de lavage automobile sans eau, que l’ADIE propose formations et aides au microcrédit, comme solution pour l’emploi.

Comme beaucoup de jeunes des quartiers, Jamel a essuyé plusieurs refus de banques avant de pouvoir obtenir un crédit et d’ouvrir un compte professionnel. Pour cela, il a eu besoin du coup de pouce de l’association.

Ouvrier pendant plusieurs années d’un parcours en dents de scie, il a voulu mettre à profit son savoir-faire et ouvert une activité il y a trois ans à Saint-Denis (93).

“J’ai commencé avec trois véhicules par mois, aujourd’hui, je suis à plus de 200, et je viens d’ouvrir un 2e centre à Bondy”, explique Jamel, qui emploie désormais deux personnes.

Pour l’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE), la création d’entreprise est une des possibles réponses au chômage. Et afin de guider les candidats, l’ADIE a notamment mis en place le parcours Créa’jeunes.

“Avec cette formation, les jeunes ont deux mois pour faire une étude de marché, monter un business plan, établir une stratégie commerciale”, explique Véronique, bénévole à Créa’jeunes et retraitée de BNP Paribas.

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à Paris (Photo : Thomas Samson)

Autour d’une grande table, dans une atmosphère à la fois studieuse et décontractée, Alex, 22 ans, se prête à l’un des exercices proposés. Il s’agit d’une simulation d’un appel pour rechercher des partenaires. Le jeune homme aspire à monter son entreprise de peinture en bâtiment et doit démarcher des fournisseurs.

“Tu avais l’air à l’aise, mais tu aurais dû demander directement les coordonnées de la personne à contacter”, glisse Audrey, 28 ans, qui souhaite se lancer dans la distribution de courts métrages.

Après le jeu de rôle, place au debriefing. Chacun apporte ses remarques et ses conseils, sous la houlette attentive des deux bénévoles.

– ‘Une dynamique positive’ –

Depuis un an et demi, Khalil Nouna, 27 ans, originaire de Franche-Comté, s’est installé en Ile-de-France afin de créer une entreprise de pâtisserie fine marocaine.

Auparavant agent logistique chez PSA, Khalil était lassé par un “rythme décalé” et voulait se mettre à son compte. Mais il a dû frapper sans succès à de nombreuses portes avant que Pôle emploi ne le dirige vers l’ADIE, “en tout dernier recours”.

En 2012, Créa’jeunes a impliqué 323 jeunes en Ile-de-France.

Selon Grégoire Héaulme, directeur de l’ADIE dans cette région, “75% des jeunes qui passent par ce dispositif retrouvent le chemin de l’emploi, la moitié grâce à leur entreprise, un quart par l’accès à un travail salarié pérenne”.

“Même pour ceux qui ne parviennent pas à lancer leur propre activité, explique M. Héaulme, le but est de se replacer dans une dynamique positive, d’apprendre à se valoriser par rapport à un employeur”.

En moyenne, un tiers des jeunes du dispositif obtiennent un financement obtenu par l’ADIE. “L’objectif est d’augmenter ce chiffre”, ajoute le responsable régional.

Au total, en 2014, plus de 16.000 microcrédits ont été accordés, soit 14% de plus qu’en 2013, et près de 13.000 nouveaux emplois ont été créés ou pourvus grâce à l’accès à ce financement.

Mais la création d’emploi n’est plus désormais l’unique objectif de l’ADIE, présente dans 88 quartiers classés en zone “politique de la ville”. “Nous concentrons aujourd’hui nos efforts pour travailler à la rentabilité et à la pérennisation des entreprises”, rappelle la présidente, Catherine Barbaroux.

“J’ai pas mal ramé avant d’ouvrir mon activité de sellier-garnisseur, et je n’en vis pas encore”, reconnaît Alexandre, 49 ans, installé à Déville-lès-Rouen (Seine-Maritime).

“On s’est aperçu que les entrepreneurs mettaient du temps à se payer convenablement”, souligne Mme Barbaroux. “Il faut assurer un suivi, affirme encore la présidente de l’ADIE, en ayant bien à l’esprit que notre logique est de perdre nos clients et de les laisser voler de leurs propres ailes”.