Dette : Athènes choisit comme conseil la banque Lazard

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à Athènes, le 28 janvier 2015 (Photo : Aris Messinis)

[31/01/2015 13:51:59] Athènes (AFP) Le ministère grec des Finances a annoncé samedi après-midi avoir choisi la société Lazard pour conseiller la Grèce sur sa dette, dont elle souhaite effacer une grande partie.

“Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, annonce qu’il charge la société de conseil financier Lazard de conseiller le ministère des Finances sur la dette publique et la gestion de la politique fiscale”, indique le communiqué.

Ce choix ne tient pas du hasard, visiblement. Vendredi en effet, interrogé sur la radio BFM Business, Matthieu Pigasse, vice-président de Lazard en Europe, a préconisé une réduction de moitié de la dette détenue par des créanciers publics, soit une réduction d’environ 100 milliards d’euros sur les 320 environ que représente cette dette (ou quelque 175% du PIB grec).

La banque a déjà conseillé la Grèce de 2010 à 2012 et elle est actuellement le conseil du fonds de restructuration bancaire grec.

“Cette restructuration est absolument nécessaire. Elle est non seulement nécessaire mais elle est possible”, a estimé M. Pigasse, en jugeant que “la Grèce est devenue le laboratoire de ce que peut être l’Europe demain”.

“Je pense qu’il faut réduire de moitié la dette détenue par les institutions publiques en Grèce”, a-t-il ajouté.

Lors d’une restructuration de la dette grecque, en 2012, seule la dette privée avait été restructurée et non celle détenue par l’UE et le FMI, a-t-il rappelé: “sur les 320 milliards et quelque de dette, 75% est détenue par des mains publiques. La restructuration doit porter sur cette dette publique”, qui représente donc environ 200 milliards d’euros.

“Il y a toute une panoplie de solutions possibles: l’allongement des maturités, la baisse des taux d’intérêt et une solution beaucoup plus radicale qui est ce qu’on appelle un +haircut+, un abattement de la dette”, a-t-il expliqué.

“Je pense que si on abattait cette dette de 50%, on réduirait de 100 milliards ces 200 milliards, on permettrait à la Grèce de retrouver ce qu’on appelle un ratio dette sur PIB acceptable, aux alentours de 100 à 120% du PIB, contre la situation actuelle de 170%”, a détaillé M. Pigasse.

Interrogé sur l’impact d’une telle restructuration, pour les citoyens français notamment, le banquier d’affaires s’est montré rassurant.

“Cette dette a déjà été émise donc elle est déjà incorporée dans les ratios dette sur PIB des pays européens. Vous pouvez annuler une partie de la dette grecque, une partie des créances françaises, cela n’impactera en rien la dette française”, selon lui.

“Comme l’argent a déjà été sorti, cela n’aura aucun impact budgétaire réel (…) Le seul impact est un impact comptable”, a-t-il poursuivi.

Il a également indiqué qu’à l’occasion de la première restructuration de dette grecque, Lazard, banque d’affaires franco-américaine spécialisée dans ce type d’opération, avait gagné une vingtaine de millions d’euros.