à Athènes le 27 janvier 2015 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[31/01/2015 16:10:39] Athènes (AFP) Le gouvernement grec a tenté samedi de calmer l’inquiétude qui a accueilli ses premières annonces, avant d’entamer ce week-end par Paris une tournée européenne destinée à compter ses alliés dans son offensive anti-austérité, mais avec Berlin, le dialogue de sourds se poursuit.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé samedi dans un communiqué transmis par son bureau “du temps pour respirer”, et a assuré “ne pas chercher le conflit” avec les partenaires européens et internationaux. Comme il l’avait dit pendant sa campagne, il a promis de nouveau de ne prendre aucune décision “unilatérale” concernant le sujet très épineux de la dette du pays.
“Je suis absolument persuadé que nous allons bientôt trouver un accord favorable, à la fois pour la Grèce et pour l’Europe dans son entier”, écrit-il dans un communiqué en anglais transmis d’abord à l’agence Bloomberg, et clairement destiné à apaiser l’emballement qui menaçait depuis l’entrée en fonction mercredi de son gouvernement issu de la gauche radicale.
Vendredi, le ministre des Finances Yanis Varoufakis avait notamment indiqué qu’Athènes coupait les ponts avec la troïka, cette délégation d’experts du FMI, de la BCE et de l’Union européenne qui valide le paiement des aides à la Grèce en évaluant la politique économique et budgétaire du pays.
Le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, a qualifié l’attitude du gouvernement grec d'”irresponsable”, dans une interview parue samedi. La chancelière Angela Merkel a répété qu’il n’était pas question de consentir à la Grèce un “effacement” même partiel de sa dette.
Il s’agit pourtant d’une revendication-phare du nouveau gouvernement emmené par le parti de gauche radicale Syriza. Il prendra pour ce faire conseil auprès de la société franco-américaine Lazard, dont le vice-président pour l’Europe Matthieu Pigasse a plaidé publiquement vendredi pour une remise de dette de pas moins de 100 milliards d’euros à la Grèce, sur un total de 315 milliards.
C’est pour défendre une restructuration de la dette, mais aussi un vaste programme de relance (réembauche de fonctionnaires, hausse du salaire minimum, aide aux ménages pauvres) et la fin des privatisations, dont celle de l’emblématique port du Pirée, que MM. Tsipras et Varoufakis entament une tournée des capitales européennes.
Le ministre des Finances part dès samedi pour Paris, précipitant ainsi un déplacement prévu initialement lundi.
Il rencontrera dimanche à 17H00 (16H00 GMT) son homologue Michel Sapin, qui a déjà dit son intention de jouer les “traits d’union” entre la Grèce et l’Allemagne, puis le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Il verra ensuite ses homologues George Osborne à Londres lundi, et Pier-Carlo Padoan à Rome mardi.
M. Tsipras commencera, lui, dimanche par Chypre. Il ira ensuite lui aussi à Rome mardi, et à Paris mercredi.
Ce plan de vol illustre la volonté du gouvernement de M. Tsipras de compter ses soutiens. Parmi eux, le parti antilibéral espagnol Podemos, dont des dizaines de milliers de partisans ont manifesté samedi à Madrid.
– Le cauchemar de l’Europe –
Pour l’instant, les ministres grecs n’ont pas prévu de se rendre à Berlin, et le dialogue de sourds se poursuit donc par voie de presse.
Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a assuré dans un entretien à Die Welt samedi: “Si j?étais un homme politique grec responsable, je ne mènerais pas de débat sur un allègement de la dette”. Le magazine Der Spiegel affiche lui en couverture une photo du Premier ministre grec avec cette légende: “Le cauchemar de l’Europe”. Et les médias diffusent un sondage assurant que 76% des Allemands se prononcent contre un effacement de la dette grecque.
à athènes le 30 janvier 2015 (Photo : Aris Messinis) |
Le Portugal s’est rangé derrière l’Allemagne : le Premier ministre Pedro Passos Coelho a refusé toute “conférence qui serait proposée afin d’annuler ou de restructurer la dette en faisant appel à la solidarité des peuples européens”.
A en croire une source proche du dossier, les pays baltes seraient eux aussi partisans de la fermeté à l’égard de la Grèce.
Les annonces de vendredi ont relancé les spéculations des marchés sur les difficultés financières de la Grèce, confrontée à de nombreuses échéances de prêts au cours des prochains mois, et sur la solidité des banques grecques.
Ces dernières, grâce à un filet de sécurité de la BCE, prêtent abondamment au gouvernement, sur de courtes échéances. Mais elles sont fragilisées par des retraits massifs de fonds, à en croire l’agence Standard and Poor’s.