à La Morte, dans les Alpes françaises (Photo : Jean-Pierre Clatot) |
[01/02/2015 09:55:28] Grenoble (AFP) Ce n’est pas une assurance tous risques mais à l’instar de la ceinture de sécurité, il peut sauver la vie: le détecteur de victimes d’avalanches (DVA) est pour les secours en montagne la protection indispensable du skieur aventureux.
Fonctionnant en émetteur-récepteur branché sur une fréquence de 457 kHz, ce petit boitier que les adeptes du hors-piste portent sous la combinaison permet, en cas de coulée, de repérer le skieur enseveli dès les premiers instants. Une période “cruciale” pour sa survie, durant laquelle les secours ont rarement le temps d’intervenir.
Ce DVA était autrefois communément appelé par les skieurs ARVA — appareil de recherche des victimes d’avalanche –, mais ARVA est une marque déposée.
Selon une étude suisse, une victime dégagée en moins de 18 minutes, si elle n’est pas décédée sous le choc de l’avalanche, a en effet plus de 90% de chances d’en réchapper. Passé ce délai, le scénario s’assombrit brutalement en raison des risques d’asphyxie: après 35 minutes, le taux de survie tombe à 34%.
D’après les données accidentologiques relevées par l’Association nationale d’étude de la neige et des avalanches (Anena), 86% des skieurs de randonnée sont équipés de DVA. Mais “en ski hors-piste, le chiffre tombe à une personne sur deux. C’est très inquiétant”, déplore Dominique Létang, son directeur. Et à 14% chez les marcheurs en raquettes, qui peuvent aussi prendre des risques.
A Ceillac (Hautes-Alpes), les six skieurs du Club alpin français retrouvés morts le 25 janvier dans une avalanche, portaient tous un DVA mais d’autres facteurs ont conduit au drame. Le lycéen décédé cette semaine dans le Vercors en revanche n’en portait pas et n’a pu être sauvé, contrairement à deux de ses compagnons de sortie scolaire.
– Pelle, sonde et sac airbag en appui –
Pour les professionnels du secours en montagne, l’usage du DVA permet aussi de réduire l’exposition des secouristes, qui peuvent passer des heures à chercher des personnes non équipées, au risque d’une “suravalanche”. Toutefois, s’armer de ce seul boitier ne suffit pas et tout pratiquant qui s’aventure hors des sentiers balisés doit aussi, préconisent-ils, s’équiper d’une sonde et une pelle pour pouvoir procéder aux premières recherches.
A défaut, “une personne ensevelie sous un mètre de neige est en moyenne dégagée à l’issue d’une à deux heures, contre seulement 11 minutes avec l’équipement entier”, explique Mathis Morattel, président du Bureau des guides du Sud-Dauphiné.
Autre équipement en plein essor: le sac ABS contenant “deux gros airbag de 200 litres”, que les skieurs emportés par une avalanche peuvent actionner pour se maintenir à la surface de la coulée. “C’est très au point. Il y a 98% de chances de survie”, détaille Dominique Létang.
Les professionnels mettent cependant en garde contre un sentiment d’invincibilité qui peut conduire à prendre encore plus de risques.
M. Morattel, pisteur-secouriste de 32 ans et guide de haute montagne aguerri, dispense tout au long de la saison hivernale des formations à l’utilisation des DVA et aux techniques complémentaires de sauvetage, labellisées par l’Anena: pelletage en “V”, sondage “en escargot”, alerte des secours ou pratique des premiers soins. Pour lui, ce processus “ne peut s’improviser” avec le stress de l’accident et nécessite de s’entraîner.
Samedi, six pratiquants réguliers de randonnées en raquettes, de ski de randonnée ou hors-piste l’ont rejoint dans la petite station iséroise de l’Alpe du Grand Serre pour “se mettre à niveau”. “Le DVA indique à son utilisateur une notion de distance et une direction à suivre pour retrouver la victime. Plus vous vous en rapprochez, plus l’indication sonore s’accélère et s’amplifie”, leur a expliqué le formateur.
“Une fois à 3 mètres de la victime, progressez en croix et sans changer d’axe, le DVA accolé au manteau neigeux. Il faut rester concentré et méthodique”. En se souvenant que 80% des victimes d’avalanches sont en moyenne ensevelies “sous un mètre de neige”.