Etalée sur six semaines, la saison des soldes d’hiver 2015 qui a démarré, en Tunisie, le 30 janvier 2015, a connu une très faible adhésion des commerçants par rapport à la saison dernière.
Environ 800 demandes d’adhésion aux soldes sont parvenues aux directions régionales du commerce contre 1.500 participations à l’opération analogue de l’hiver 2014, avait précisé la radio Mosaique fm, citant Mohamed Elifa, directeur général de la concurrence et des prix, au ministère du Commerce et de l’Artisanat de l’ancien gouvernement, sans donner toutefois une explication claire sur cette différence notable.
Les trois grandes villes de la République, du sud et du Sahel que sont Tunis, Sfax et Sousse se sont accaparées la part du lion sur le marché des soldes. Certains citoyens tunisiens, habitués au «frip» où l’on vend des habits usés, avaient tant attendu cette période pour pouvoir acheter de nouveaux vêtements à des prix abordables. Mais la «centralisation» des soldes dans trois ou quatre régions et la réticence des commerçants ont poussé plusieurs citoyens à reculer vers le refuge «vestimentaire», la fameuse fripe.
En effet, le nombre demandes de participation à cette opération de rabais hivernaux parvenus aux directions régionales du commerce, réparties sur 500 points de vente, deux semaines avant le démarrage comme fixé par le ministère, a paradoxalement baissé en 2015 en comparaison avec la même période de l’année 2014, ce qui pose plus qu’une question sur l’évaluation de l’opération dans son ensemble. S’agit-il d’une défaillance au niveau stratégique ou au niveau communicationnel? C’est dans ce sens que le ministère de tutelle a entamé une recherche. Objectif: chercher les failles et déterminer les causes de la réticence des commerçants.
Le système de communication connait un déficit inédit. Si 55% des Tunisiens, parmi un échantillon 1.500 chefs de famille ignorent les dates des soldes, selon une étudie récente de l’Institut national de la consommation (INC), les commerçants pour leur part, ne maitrisent pas tous le volet juridique dans le processus de commercialisation des produits.
Les dispositions de la loi N°98-40 relative aux techniques de vente et à la publicité commerciale définissent clairement ce processus. Tout commerçant désirant participer à l’opération des soldes devrait, conformément à cette loi, faire le dépôt d’une déclaration auprès des services régionaux du ministère, respecter le taux de réduction minimum de 20%, afficher les réductions des prix selon le système du double marquage, car les consommateurs ont le droit de connaitre les prix avant les soldes et plus de détails sur le choix de solder tel article et pas un autre pour pouvoir comparer le rapport du prix à la qualité. Il s’agit également de mettre la publicité sur les vitrines du point de vente en utilisant la mention «soldes». Les entreprises commercialisant les produits à travers Internet devraient également se conformer aux dispositions de la loi telle que fixées par le législateur.
Cette saison de solde qui s’étale sur un mois et demi commence en tout cas par un faux départ si l’on en juge par le nombre de commerçants ayant adhéré.
A signaler que cette saison de solde est plus restrictive par rapport à l’année précédente n’incluant pas tous les domaines commerciaux et dont l’électroménager. Cette saison de transition devrait être un point de relance et d’évaluation pour les prochaines opérations.
S’agit-il d’une défaillance communicationnelle ou d’un manque de vision stratégique? La non adhésion de commerçants d’autres branches commerciales telles que les meubles et l’électroménager a-t-elle eu un impact sur l’opération des soldes? Ce sont autant de questions qui se posent aujourd’hui.