émonstration de la nouvelle procédure de poinçonnage au laser, à Paris le 3 février 2015 (Photo : Eric Piermont) |
[03/02/2015 17:08:48] Paris (AFP) Il a laissé ses empreintes pendant huit siècles sur la joaillerie française: le poinçonnage mécanique, qui garantit la teneur en métaux précieux depuis le Moyen-Age, cohabite désormais avec le marquage au laser. Ce nouvel outil douanier a été confié aux professionnels officiellement mardi.
Dans un atelier de haute joaillerie du 1er arrondissement de Paris, la démonstration va très vite: un professionnel s’identifie par lecteur biométrique.
Après authentification de ses vaisseaux sanguins, il peut accéder à la version dématérialisée et cryptée des poinçons de garantie d’Etat à l’effigie d’aigle, de minerve ou de chien suivant qu’il s’agit d’ouvrages neufs à teneur en or, argent ou platine.
Pour assurer l’inviolabilité du système, ce fichier sécurisé qui vient de lui être remis par la douane avec une carte de décryptage est associé à la machine de marquage au laser de l’atelier. Impossible donc de l’utiliser sur un autre appareil.
Quelques réglages rapides et la lentille, comme pour un appareil photo, focalise le faisceau sur la pièce de joaillerie. En 10 secondes environ le bijou est gravé d’un poinçon d’1,1 mm. Un retour vidéo apparaît sur l’écran de l’ordinateur qui pilote le processus.
émonstration à Paris, le 3 février 2015 (Photo : Eric Piermont ) |
Le rendu est plus lisse qu’un poinçonnage métallique du fait de l’absence de contact physique avec l’ouvrage, constatent certains observateurs.
Les lasers s’usent moins vite que les poinçons et se perdent moins facilement, font valoir des responsables de la douane.
Mais surtout, cette technologie moderne permet de poinçonner des pièces plus fragiles ou de forme complexe sans risque de déformation.
D’autres pays, comme le Royaume-Uni et la Suisse -bientôt l’Italie- ont adopté ce dispositif début 2000.
Mais la spécificité française est de “l’intégrer dans le processus de fabrication en confiant le marquage laser aux professionnels pour dégager de la compétitivité”, explique à l’AFP Kevin Mills, inspecteur des douanes et droits indirects.
Ce qui permet au président de l’Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie des pierres et des perles (UFBJOP), Daniel Cambour de parler d’ “une grande première à l’échelle mondiale”.
– Possible gain esthétique –
Cinq premières sociétés -AV10, Cambour, Fair’Belle, Mathon et Oteline – ont obtenu mardi le sésame pour recourir, sous le contrôle des services des douanes, au marquage au laser pour garantir leurs ouvrages en métaux précieux.
Cette délégation “devrait contribuer à améliorer la productivité et la compétitivité des fabricants”, estime Guy Bessodes, délégué général du Comité Francéclat, qui a conçu le dispositif.
Le marquage au laser intéresse particulièrement la haute joaillerie car il permet par exemple de “libérer la créativité des fabricants qui n’ont pas besoin de modifier l’esthétique d’ouvrages particulièrement fragiles”, selon M. Mills.
Cette technologie moderne s’adresse aussi particulièrement aux entreprises équipées d’une chaîne de production automatisée, comme Fair’Belle, spécialiste des alliances.
Ce sont des raisons industrielles qui ont convaincu son directeur Brice Pagnuco: plus besoin de se déplacer au service des douanes pour faire apposer les poinçons, donc un gain de temps et moins de risques pour la sécurité, dit-il à l’AFP. “Le consommateur gagnera en esthétique” dans la mesure où le poinçon est désormais apposé à l’intérieur du bijou quelle que soit la complexité de sa forme. Le poinçon gagne aussi, selon lui, en “lisibilité”.
Avec le système laser dont le prix varie entre 40.000 et 60.000 euros, le professionnel peut aussi faire des décorations, des découpes, graver des dates et des prénoms.
Depuis 2004, les professionnels peuvent être habilités par les douanes à apposer eux-mêmes les poinçons métalliques de garantie dont la fabrication relève de la compétence exclusive de la Monnaie de Paris.
Outre le poinçon de garantie, les ouvrages en métaux précieux doivent être également marqués du “poinçon de maître” c’est-à-dire du fabricant.
La méthode laser a été instaurée dans le poinçonnage en 2007 pour pouvoir apposer, compte-tenu de sa taille, le label valorisant le savoir-faire français, “Joaillerie de France”, qui regroupe dans un hexagone le poinçon de maître et de garantie.
Plus de 2,7 millions d’ouvrages en or, argent ou platine sont poinçonnés chaque année en France.