La BCE au centre des efforts d’Athènes pour rester à flot

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ège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort, en janvier 2015 (Photo : Daniel Roland)

[04/02/2015 13:00:05] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) joue un rôle clé pour la survie financière immédiate d’Athènes car elle maintient à flot les banques grecques, qui doivent elles-mêmes permettre à l’Etat grec de se financer. Mais pour combien de temps encore?

QUESTION: Comment la BCE vient-elle en aide aux banques grecques, et donc à la Grèce ?

REPONSE: La BCE fournit des liquidités aux banques de la zone euro sous forme de prêts, cela fait partie intégrante de son rôle de banque centrale. Comme n’importe quels prêts dans l’économie, ces prêts sont assortis de garanties. Les titres que les banques ont en portefeuille, par exemple des obligations souveraines, remplissent cette fonction de garanties – “collatéraux” en jargon des banques centrales.

La BCE n’accepte comme “collatéraux” que certains titres, ceux qui sont le mieux notés par les agences de notation, c’est-à-dire les moins risqués. Sinon elle mettrait en péril l’argent des contribuables européens.

Les banques grecques ont surtout des obligations émises par l’Etat grec à apporter en garantie, mais celles-ci sont notées comme des “titres pourris” et ne remplissent pas les critères de la BCE. La Grèce bénéficie donc d’une exemption: la BCE accepte ses titres de dette publique grecque comme collatéraux. Ce régime de faveur est un élément du programme international d’aide dont bénéficie la Grèce, et qui prend fin à la fin de février.

La BCE a bien fait comprendre que si Athènes choisissait de s’affranchir d’un tel programme, les banques grecques arrêteraient de bénéficier de ce régime d’exception. Par ricochet cela poserait un problème de financement à l’Etat grec, dont les banques grecques sont le client numéro un de titres de dettes. Athènes est revenu l’an dernier sur les marchés, après plusieurs années d’abstinence.

Au-delà de ses prêts ordinaires, la BCE aide également les banques grecques par le biais du mécanisme d’urgence ELA (“Emergency Liquidity Assistance”). Celui-ci prévoit la fourniture de monnaie par une banque centrale nationale, la Banque centrale grecque en l’occurrence, à des institutions financières confrontées à des problèmes temporaires de liquidité. Le conseil des gouverneurs de la BCE doit se prononcer mercredi sur le renouvellement des fonds ELA.

D’après l’interprétation donnée par les analystes du bilan financier hebdomadaire de l’eurosystème publié mardi par la BCE, quelque 3,5 milliards d’euros de fonds ELA semblent avoir été utilisés la semaine dernière, vraisemblablement par les banques grecques.

Q: Qu’attend au total la Grèce de la BCE?

R: Trois choses: lui permettre d’emprunter plus sur les marchés, continuer à accorder les financements ELA à ses banques, et accepter de négocier sur la dette.

Selon les accords passés avec la “Troïka”, organe qui contrôle la mise en oeuvre par Athènes des réformes consenties en contrepartie de l’aide de ses partenaires, le montant de dette à court terme que la Grèce peut émettre jusqu’à la fin du programme d’aide est plafonné à 15 milliards d’euros. Athènes voudrait pouvoir emprunter 10 milliards d’euros de plus pour faire face aux besoins des mois à venir, un “financement intermédiaire” qui lui permettrait de se passer de la dernière tranche du programme honni (7 milliards d’euros) et d’arriver d’ici le 1er juin à un accord avec ses partenaires sur la suite des événements.

Selon le Financial Times, la BCE est opposée à un relèvement de ce plafond. L’UE et le Fonds monétaire international (FMI), les deux autres membres de la Troïka, auraient aussi leur mot à dire, mais sans l’accord de la BCE il paraît difficilement concevable que cela se fasse.

Pour les banques grecques – et donc pour l’Etat grec – pouvoir continuer à compter sur le financement ELA est également crucial.

Enfin, la BCE est créancière de la Grèce, à hauteur d’environ 25 milliards d’euros, après avoir acheté depuis 2010 des obligations grecques sur le marché secondaire pour aider le pays. Le gouvernement d’Alexis Tsipras veut donc négocier avec elle, comme avec les autres créditeurs, un allègement de la dette.