ège de Merck à Darmstadt en Allemagne, le 17 février 2012 (Photo : Arne Dedert) |
[04/02/2015 17:29:09] New York (AFP) Le laboratoire pharmaceutique américain Merck a annoncé mercredi avoir essuyé un revers dans le créneau lucratif de l’hépatite C et livré des prévisions décevantes pour 2015 à cause de la vigueur du dollar et de la perte de ses brevets.
Le groupe pharmaceutique prévoit des ventes annuelles comprises dans une fourchette de 38,3 à 39,8 milliards de dollars et vise un bénéfice par action hors éléments exceptionnels, référence en Amérique du nord, de 3,32 à 3,47 dollars.
Les marchés anticipent, eux, des ventes aux alentours de 40,50 milliards de dollars et un bénéfice par action à 3,49 dollars en moyenne.
Le dollar cher devrait amputer les ventes de 2,6 milliards de dollars et l’impact des coûts de restructuration et d’acquisition devrait s’élever à 1 milliard de dollars.
La devise américaine s’est beaucoup appréciée depuis plusieurs mois face aux principales devises. Elle s’échange par exemple à des niveaux inédits depuis 2003 face à l’euro.
Ce raffermissement du billet vert affecte les multinationales américaines quand elles convertissent en dollars les ventes réalisées à l’étranger en monnaies locales.
Autre souci pour Merck: ses ambitions dans l’hépatite C sont contrariées par les autorités américaines, a-t-elle annoncé mercredi.
L’agence sanitaire américaine (FDA) ne procédera finalement plus à un examen accéléré de la demande d’autorisation du traitement HCV (grazoprevir/elbasvir), un nouvel antiviral.
Cette décision signifie que ce médicament n’arrivera pas sur le marché avant 2016, près de deux ans après ceux des rivaux (Gilead Sciences et Abbvie).
– “Mauvaise suprise” –
“C’est une mauvaise surprise”, observe la banque Credit Suisse dans une note.
“ça met la pression sur Merck: quel prix va-t-il appliquer pour espérer se faire une place ?” interroge la banque Morgan Stanley.
L’hépatite C est une maladie du foie qui peut entraîner cirrhose ou cancer du foie. Environ 185 millions de personnes en sont infectées dans le monde et 350.000 meurent de ses complications, selon l’OMS.
Les groupes pharmaceutiques ont développé une nouvelle classe d’antiviraux à action directe, jugés plus efficaces mais au coût onéreux.
Le Solvadi de Gilead coûte par exemple sur le marché américain 1.000 dollars le comprimé, soit 84.000 dollars pour un traitement complet, tandis que le Viekira Pak d’Abbvie revient à 83.320 dollars le traitement.
Merck espérait engranger au plus vite une partie de ce marché. Outre ses propres molécules, le deuxième groupe pharmaceutique américain après Pfizer a racheté, en juin dernier, à prix d’or son concurrent Idenix Pharmaceuticals, dont les traitements portent essentiellement sur l’hépatite C.
A Wall Street, le titre perdait 3,64% à 58,80 dollars vers 17H05 GMT.
En 2014, Merck a réussi néanmoins à dépasser les attentes, en dégageant un bénéfice net plus que triplé à 11,92 milliards de dollars, dont 7,31 milliards de dollars gagnés sur le dernier trimestre de l’année.
Mais les génériques continuent d’affecter ses ventes: -4% à 42,2 milliards de dollars sur l’année et -7% à 10,5 milliards au trimestre sous revue. Merck investit de moins en moins dans ses produits matures dont les brevets ont expiré ou sont sur le point de l’être.
Dans la diabétologie, si l’anti-diabétique Januvia-Janumet a vu ses ventes augmenter de 3%, celles des autres “blockbusters”, les anti-cholestérol Zetia et Vytorin ont diminué de 4,1%.
Les ventes sont également contrastées dans l’immuno-thérapie: les recettes du Gardasil (vaccin pour prévenir le cancer du col de l’utérus) ont baissé de 5,07%, tandis que celles de l’antirétroviral Isentress (utilisé dans le traitement du sida) ont légèrement progressé de 1,82%. Les ventes du Remicade (maladies inflammatoires ou auto-immunes) ont, elles, augmenté de 4,5%.
Enfin, les ventes du Singulair, traitement contre l’asthme, ont fondu de 8,7%, tandis que celles de Victrelis, un traitement contre l’hépatite C, ont été divisés par près de deux.