Etats-Unis : la chute des prix du pétrole, un mauvais coup pour le Texas

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étrole à Galveston, au Texas, le 22 septembre 2005 (Photo : Robert Sullivan)

[09/02/2015 08:37:21] New York (AFP) La chute des prix du pétrole est un mauvais coup pour le Texas dont l’économie, après plusieurs années de dynamisme, risque de sérieusement ralentir.

Sur les cinq dernières années, cet Etat, le plus grand des Etats-Unis en superficie après l’Alaska, a vu son économie faire mieux que celle du pays dans son ensemble. Mais la chute des prix de l’or noir, dont il est important producteur, risque de lui faire subir un nouveau ralentissement après celui connu après la crise financière de 2008.

La baisse de 50% des prix du pétrole depuis juin conduit les compagnies pétrolières et tous leurs sous-traitants à réduire leurs dépenses et à licencier.

Pour le moment, cette vague n’a pas encore touché de plein fouet le Texas, qui est également le deuxième Etat américain en terme de population et de produit économique derrière la Californie.

“Il va y avoir une contraction très forte de l’activité pétrolière et gazière au Texas”, assure Karr Ingham, qui dirige le cabinet Ingham Economic Reporting à Amarillo dans l’ouest de l’Etat où se trouvent les principaux champs pétroliers.

“Au cours des mois à venir, l’industrie va réduire ses effectifs de manière régulière. Nous ne sommes qu’au début du processus”, estime-t-il.

Pour Boyd Nash-Stacey, économiste principal chez BBVA Research à Houston, la ville la plus peuplée de l’Etat et la 4e plus grande aux Etats-Unis, la crise dans le secteur pétrolier va coûter entre 60.000 et 80.000 emplois au Texas avec des effets secondaires sur le commerce et l’industrie hôtelière.

Déjà, le marché immobilier à Houston commence à souffrir. “La question est de savoir quelle sera la gravité de la crise et combien de temps elle va durer”, déclare Charles Gordon, vice-président du cabinet immobilier CBRE. “Le choc vient de la rapidité de la chute des prix du pétrole”, souligne-t-il.

En 2013, l’économie texane a progressé à un rythme annuel de 3,7% alors que celle des Etats-Unis dans leur ensemble était de 2,2%. L’année précédente son rythme de croissance atteignait le double.

– Une répétition de 1986 ? –

Cette bonne santé provenait notamment de l’activité dans les champs pétroliers de l’ouest et du sud de l’Etat. Si elle va certainement souffrir en 2015, la question reste de savoir dans quelle ampleur.

Le chef économiste de la banque JPMorgan Chase, Michael Feroli, a estimé dans un rapport publié en décembre que les perspectives actuelles pour le Texas étaient comparables à celle de 1986 quand une forte baisse des prix du pétrole avait été suivie par des licenciements, une baisse du marché immobilier et une crise bancaire.

“Le Texas va avoir au minimum une année 2015 difficile et risque de tomber dans une récession régionale”, a-t-il averti. Compte tenu de la taille de cet Etat et de son importance dans l’économie américaine, cela pourrait avoir des conséquences au-delà de ses frontières, a-t-il prévenu également.

Mais Boyd Nash-Stacey souligne que d’autres régions du Texas, notamment celles d’autres grandes villes comme Dallas et San Antonio, sont beaucoup moins exposées au pétrole et devraient même profiter de la baisse des coûts de l’énergie.

Depuis les années 1980, le Texas a également développé une importante industrie technologique autour de la capitale Austin et des industries médicales autour de Houston.

La baisse des prix du pétrole “ne va pas être un coup mortel. Le Texas n’est plus ce qu’il était dans les années 1980”, souligne l’économiste de BBVA.

L’antenne régionale de la Banque fédérale de Réserve (Fed) s’attend aussi à une croissance économique solide en 2015.

“A terme, la croissance va ralentir mais le nombre d’emplois devrait continuer à croître”, estime Keith Phillips, économiste pour la Fed.

Karr Ingham prévoit toutefois une contraction de 10% dans la région pétrolière de Midland-Odessa où près de 8.000 employés du secteur pourraient perdre leur emploi. Si les prix du pétrole devaient rester bas longtemps, les entreprises pourraient tarder à réembaucher et la main-d’oeuvre partirait alors vers d’autres régions.

“Il va falloir au moins 18 mois pour que les choses commencent à s’améliorer un peu”, prévoit-il. “Mais qui peut attendre aussi longtemps sans travail et sans revenu ?”, s’interroge-t-il.