Le Club Med prêt à passer sous contrôle chinois

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éditerranée devrait selon toute vraisemblance se réveiller sous contrôle chinois mardi (Photo : Stephane de Sakutin)

[09/02/2015 15:11:01] Paris (AFP) Le Club Méditerranée devrait selon toute vraisemblance se réveiller sous contrôle chinois mardi. Près de deux ans après son lancement, l’OPA de Fosun sur le spécialiste français des clubs de vacances se concluait officiellement lundi soir.

Certes, le résultat officiel ne devrait pas être connu avant mercredi au plus tôt, le temps que les banques et Euronext décomptent les apports d’actions et obligations. Voire avant début mars, si l’offre devait être réouverte pour des raisons techniques.

Mais il n’y a plus de suspense: l’Italien Andrea Bonomi a renoncé en janvier à poursuivre sa bataille boursière et le prix actuel proposé par Fosun et ses partenaires est considéré comme généreux. La voie est libre pour les Chinois.

“Le seuil des 50% plus une action sera clairement atteint”, assurait-on lundi dans l’entourage de Fosun, sur la base d’estimations provisoires.

L’offre du conglomérat chinois dirigé par le milliardaire Guo Guangchang valorise Club Med à près d’un milliard d’euros — 939 millions d’euros précisément pour 100% des titres, soit 24,60 euros par action.

“L’inconnue est plutôt de savoir si Fosun et ses alliés vont ou non rassembler au moins 95% du capital”, jugeait une source proche du dossier.

Au-delà des 95%, ils pourront mettre en oeuvre un retrait obligatoire. Et, partant, faire sortir le Club Med de la Bourse de Paris — même si ce n’est à priori pas le souhait premier de Fosun.

A quelques heures de la clôture de l’OPA, la Caisse des Dépôts et consignations (CDC), très institutionnel investisseur français, a annoncé lundi avoir apporté l’ensemble de ses titres à l’OPA, soit 5,3% en actions et 7,9% sur base pleinement diluée.

Ce désengagement du grand “zinzin” français était attendu. Entrée en 2009 au capital du Club Med, la Caisse des Dépôts affichait peu d’enthousiasme à l’idée de s’y maintenir. Sa participation est évaluée à environ 73 millions d’euros.

La plus longue OPA de la place de Paris

Pour autant, la CDC se dit disposée à “accompagner le Club Méditerranée, son management et ses nouveaux actionnaires de contrôle, dans son développement en France, notamment en participant au déploiement de nouveaux villages ou de villages existants, comme il l’a fait plusieurs fois dans le passé”.

La Caisse des Dépôts a notamment participé au financement d’infrastructures dans le cadre d’investissements immobiliers du Club Med, comme dans la station de ski de Valmorel ou en Martinique.

Fosun a pris acte lundi de la décision de la CDC. A titre symbolique, le conglomérat chinois aurait préféré que cet investisseur public français reste au capital du Club Med. Il a à plusieurs reprises lancé des perches en ce sens. En vain.

Le maintien d’une participation de la CDC dans Club Med aurait pu passer pour “une forme de caution française” au passage du groupe dans le giron chinois, “avec des avantages comme des inconvénients”, estime un observateur du dossier.

Fosun veut désormais croire qu'”il y aura de nombreuses occasions de poursuivre (le) travail” avec la Caisse des Dépôts, “notamment pour le développement de Club Méditerranée en France”, et s’en réjouit d’avance, dans un communiqué lundi.

Près de deux ans après son lancement fin mai 2013, la plus longue OPA de l’histoire de la Bourse de Paris va ainsi trouver son épilogue.

Fosun aura été tenace, surmontant une année de tracas judiciaires en 2013-2014 liés à des recours d’actionnaires minoritaires, puis six mois de bras de fer avec l’Italien Bonomi jusqu’à ce que celui-ci jette l’éponge le 2 janvier.

L’OPA pilotée par Fosun est chinoise à 91%, avec en soutien la société française d’investissement Ardian à hauteur de 5,8% et le management du Club Med pour 2,9% – son PDG Henri Giscard d’Estaing en tête.

Le conglomérat chinois compte rentabiliser son investissement sur le long terme.

Entré au capital du Club Med en 2010, Fosun est notamment intéressé par la perspective de développer rapidement des “resorts” en Chine pour profiter de l’explosion du tourisme dans ce pays.