à Genève (Photo : Fabrice Coffrini) |
[09/02/2015 16:33:51] Londres (AFP) Première banque européenne, HSBC est une gigantesque société active sur tous les continents et dans de très larges pans de la finance, constamment à l’affût “des bonnes affaires” mais qui s’est brûlée les ailes à plusieurs reprises avant les révélations de SwissLeaks.
Fondée en Extrême-Orient en 1865 pour financer le commerce entre l’Asie, l’Inde et l’Europe, HSBC – de “Hongkong and Shanghai Banking Corporation” – est devenue mondiale dans le dernier tiers du XXe siècle en ajoutant à sa forte activité asiatique une présence massive aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, coeur de la finance européenne.
Depuis le début des années 1990, la banque a son siège à Londres. Son QG se trouve désormais dans le quartier d’affaires de Canary Wharf, dans une immense tour de 200 mètres d’où sa direction règne sur un empire de plus de 250.000 salariés veillant aux gros sous de plus de 50 millions de clients répartis dans 74 pays et territoires.
Gouvernements, entreprises, investisseurs, particuliers, la banque s’adresse à tous types de clientèles munie d’une vaste gamme de produits, du simple compte courant au titre financier dérivé des plus complexes. Dans cette mosaïque de métiers, c’est son activité particulière de banque privée, autrement dit de banque adaptée aux besoins spécifiques de sa clientèle riche, qui se trouve visée par les révélations fracassantes du “SwissLeaks”.
D’après cette investigation médiatique internationale, quelques 180,6 milliards d’euros d’argent non déclaré auraient transité sur des comptes de HSBC Private Bank (Suisse) à Genève entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007, cachés entre autres derrière des structures offshore au Panama et dans les îles vierges britanniques.
“Il y a une stratégie délibérée de la banque de se positionner auprès des clients fortunés dans le monde entier, particulièrement en Asie, où HSBC est ultra présente à Hong Kong et Singapour. La stratégie d?affichage dans les aéroports, que tout le monde a vu, n?est pas anodine”, explique à l’AFP Maxime Mathon, porte-parole du cabinet d’analyse AlphaValue.
– Déjà prise la main dans le sac –
HSBC est engagée dans une compétition acharnée avec les autres grandes banques privées pour capter la gestion des grandes fortunes, avec un service sur mesure.
“La direction de la banque ne va pas ordonner spécifiquement à ses chargés d’affaires de dissimuler les fonds de leurs clients en Suisse, mais en tant qu?employé d?une banque de dimension mondiale, vous avez à portée de main des solutions patrimoniales complexes auxquelles l?accès est devenu quasi-industriel”, souligne M. Mathon.
Selon lui, placer des liquidités en Suisse, au Luxembourg, à Guernesey ou Malte devient la “partie OFF de la fiche de poste” des gestionnaires.
HSBC assure aujourd’hui avoir fait du ménage dans ses activités suisses alors que la banque privée demeure une de ses activités mondiales importantes, avec 382 milliards de dollars d’actifs sous son aile en mars 2014.
“Cette histoire de HSBC est un héritage de ce qui existait dans la banque privée avant la crise financière (de 2008-2009), quelque chose dont les gouvernements ne veulent plus aujourd’hui”, estime Arun Melmane, analyste chez la banque d’investissement Canaccord Genuity, pour qui le comportement de HSBC n’était pas fondamentalement différent de celui de ses concurrentes.
“A l’époque, il n’était pas complètement tabou de chercher à gérer l’argent de gens qui voulaient échapper au fisc et les autorités fiscales n’étaient pas aussi remontées contre cela. Vous aviez un système de dissimulation et des procédures adaptées”, rappelle M. Melmane, pour qui les règles du jeu ont désormais changé.
Reste qu’HSBC a déjà été prise la main dans le sac dans d’autres affaires. Fin 2012, elle a dû accepter de payer une amende record de 1,92 milliard de dollars aux Etats-Unis, où elle était accusée de complicité de blanchiment au profit de trafiquants, de terroristes et de l’Iran.
Elle négocie le montant de pénalités à régler dans le cadre de manipulations supposées du taux interbancaire Libor et a été condamnée à verser l’équivalent de plus de 500 millions d’euros aux autorités britannique et américaine, pour avoir participé à des distorsions du marché des changes. Sans compter des indemnités prévues d’au moins 3 milliards de livres (4 milliards d’euros) pour la vente forcée d’assurances crédit au Royaume-Uni.