Michelin, souffrant de “marchés peu porteurs”, intensifie ses économies après des résultats en baisse

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é-lès-Tours, le 18 décembre 2014 (Photo : Guillaume Souvant)

[10/02/2015 09:51:19] Paris (AFP) Disant avoir souffert de “marchés peu porteurs”, Michelin a publié mardi un bénéfice net en baisse de 8,5% pour 2014, à 1,03 milliard d’euros, sur fond d’effets de change défavorables.

Dans la foulée, le président de Michelin, Jean-Dominique Senard, a annoncé l’accélération d’un plan d’économies déjà en place, alors que le titre cédait 4% à la Bourse de Paris.

Les ventes nettes du fabricant français de pneus, à 19,55 milliards d’euros, ont également enregistré un repli l’année dernière (-3,5%), mais le résultat opérationnel après éléments non récurrents a légèrement crû, passant de 1,97 à 1,99 milliard, tandis que les volumes vendus ont augmenté de 0,7%, sous les prévisions de l’entreprise qui, il y a encore trois mois, parlait de 1 à 2% de croissance.

La baisse du chiffre d’affaires s’explique notamment, selon Michelin, par “un effet de change défavorable de 304 millions d’euros et un écart de périmètre de 75 millions”.

Ce dernier effet est dû à “l’évolution de l’euro par rapport au dollar américain, fortement défavorable jusqu’à l’été”, avant inversion à partir de septembre, ainsi que “la hausse de l’euro, globalement défavorable, par rapport au real brésilien, au rouble russe, au peso argentin et au dollar canadien”.

Le résultat opérationnel avant éléments non récurrents est “en hausse de l’ordre de 81 millions d’euros par rapport à l’année dernière si on élimine les effets de change”, a fait valoir M. Senard lors de la présentation de ces chiffres à Paris.

Pour M. Senard, ces résultats “démontrent la pertinence et le bien-fondé de la stratégie du groupe”, qui prévoit de verser un dividende de 2,50 euros par action cette année, comme en 2014.

Mais le dirigeant a aussi annoncé une accélération du “plan de compétitivité” 2012-2016 dont l’objectif d’économies passe de 1,0 à 1,2 milliard d’euros sur la période.

La génération de flux de trésorerie disponible (cash flow libre) chez Michelin a été de 322 millions d’euros en 2014 après l’acquisition de la société brésilienne Sascar pour 400 millions. Le chiffre avait été de 1,15 milliard en 2013. Dans le même temps, l’endettement net est passé de 142 à 707 millions d’euros. Le ratio d’endettement reste très bas à 7%.

– Effet de la crise en Ukraine –

La Bourse de Paris a mal réagi, l’action Michelin cédant plus de 4% peu après l’ouverture. “Les résultats sont sous les attentes en 2014”, ont souligné les analystes de Aurel BGC. Ils ont toutefois noté que “la marge opérationnelle résiste, à 11,1%, contre 11% en 2013 (avant éléments non récurrents)”.

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é-lès-Tours, le 18 décembre 2014 (Photo : Guillaume Souvant)

D’un point de vue commercial, la marque au bibendum a subi en 2014 des “marchés peu porteurs, à l’exception de l’Amérique du nord et de la Chine”, a-t-elle noté.

Les ventes en volume de pneumatiques “tourisme et camionnette”, qui représentent plus de la moitié de l’activité, ont progressé de 3% en première monte et de 4% en remplacement en 2014, avec des situations contrastées selon les continents, notamment -16% en première monte en Amérique du sud.

En Europe, la demande en première monte a augmenté de 3% au total, fruit de données très différentes entre l’est et l’ouest. Conformément à la hausse du marché dans l’UE, les ventes en Europe occidentale ont ainsi crû de 5% mais elles ont baissé de 12% en Europe orientale, “dans un contexte géopolitique et économique difficile”, c’est-à-dire la crise ukrainienne.

Cet effet est encore plus prégnant dans le domaine des pneus pour poids-lourds, où la contraction du nombre d’unités vendues en Europe en première monte est de 9%, tirée à la baisse par, là encore, l’Europe orientale (-35%). La chute est également brutale en Amérique du sud (-21%). A l’échelle mondiale, ce secteur recule d’1%.

Pour 2015, outre une croissance “en ligne avec les marchés”, sans plus de précision, Michelin vise “un résultat opérationnel avant éléments non récurrents en croissance au-delà de l’effet de change, une rentabilité des capitaux employés supérieure à 11% et la génération d’un cash-flow libre structurel d’environ 700 millions d’euros, en parallèle du programme d’investissement de 1,7 à 1,8 milliard d’euros”.