Suite à la publication des résultats de l’investigation sur le système de fraude international, HSBC s’est excusée auprès de ses clients, les rassurant de minimiser, dans la mesure du possible, «l’impact de l’ingérence des médias dans leur vie privée».
Le processus d’investigation journalistique pose plus qu’une question d’ordre déontologique. Les journalistes pourraient-ils se baser sur une seule source? Devraient-ils protéger la vie privée des personnages publics? Quelle est la limite des libertés d’expression et d’investigation? Ce sont autant de questions qui font encore débat dans la sphère médiatique.
L’enquête menée par des journalistes du Monde et de plusieurs autres médias dévoile une liste “de trafiquants d’armes ou de stupéfiants mais également de financiers d’organisations terroristes, de politiciens, de vedettes du showbiz, des icônes du sport ou des capitaines d’industrie”, précise “Le Monde”. Il s’agit aussi de “diamantaires belges”, “de familles juives à l’époque du nazisme”, “d’artistes, de médecins et de princes”, ou “de protagonistes de l’affaire Elf”, toujours selon le journal français (lire).
Loin de ces questions, certains médias se sont mis, dès l’annonce des résultats de l’investigation, à lister les noms des personnalités impliquées au lieu d’inciter les publics à débattre de la question essentielle: la fraude fiscale. Ce choix de publier une série de noms, en «sélection» n’est pas fortuit. La culture du scoop aide, surtout sur Internet, à récolter plus de clics et, en contrepartie, contribue à la banalisation des débats de fond.
Ou bien les médias publient toute la liste des noms de personnalités impliquées dans le système ou alors ils justifient leur sélection, car en procédant à cette méthode, les médias pourraient susciter le doute chez le public. Certains internautes ont réagi favorablement à la publication des noms, demandant à ce qu’on publie toute la liste des personnes impliquées par pays, tandis que d’autres, sceptiques, mettent en cause la méthodologie suivie par les journalistes leur demandant sur quelle base la sélection a été construite, surtout lorsqu’il s’agit de lister des noms de personnes de différents pays.
Selon HSBC, la base de données a été manipulée. “On ne sait pas si l’intégrité des données a été préservée, ou même si les données d’origine sont complètes et précises. Les allégations récentes d’un officiel français travaillant dans le milieu juridique à Nice suggèrent que le données ont été manipulées et pourrait donc contenir des inexactitudes d’analyse technique”, précise la banque dans un communiqué.
Non seulement HSBC a accusé Hervé Falciani qui a aidé le journal Le Monde et d’autres médias à mener l’enquête de modifier la liste, mais la banque a également accusé l’employé de voler cette base de données. Les employés ont le devoir de garder le secret professionnel, chose qui n’a pas été respectée par un ancien employé. Outre ce volet d’ordre déontologique, la banque accuse l’employé d’être impliqué lui-même dans un système de fraude. Les journalistes auraient-ils omis ce volet? “Sur une période de plusieurs mois à la fin de 2006 et début 2007, l’employé et informaticien de la banque SwissPrivate, Hervé Falciani (HF), avait systématiquement et délibérément téléchargé les détails de comptes des clients. C’était une violation criminelle flagrante du droit suisse. HF est accusé d’avoir tenté de vendre les bases de données des banques libanaises sous un faux nom, selon un communiqué du procureur général suisse, publié le 11.12.2014”, mentionne la banque.
Le Monde et plusieurs médias internationaux ont révélé, le 8 février, les données d’une investigation baptisée «SwissLeaks». Résultat alarmant: plus de 180 milliards d’euros de fraude fiscale.
La face cachée de la banque HSBC à Genève a été dévoilée par le journal français qui a partagé avec 50 autres médias dont le “Süddeutsche Zeitung” (Allemagne) et The “Guardian” (Royaume-Uni) une base de données de la banque rassemblant 100.000 clients et 20.000 sociétés offshore.
Affaire à suivre.