Rafale : une vente à l’export, cruciale pour Dassault et la France

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Un Rafale sur le porte-avion Charles-de-Gaulle au large de Toulon le 15 janvier 2015 (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[10/02/2015 19:10:26] Paris (AFP) La signature espérée d’un premier contrat d’exportation du Rafale est cruciale pour son constructeur Dassault Aviation et l’Etat français, afin de pérenniser la chaîne de production de l’appareil dans un contexte budgétaire tendu.

L’Egypte pourrait devenir le premier acheteur étranger de cet appareil polyvalent, même si le ministère français de la Défense a voulu tempérer les attentes en affirmant que les deux parties avaient encore “plusieurs jours de dialogue” devant elles avant une éventuelle finalisation.

Les discussions pourraient aboutir “cette semaine”, a de son côté estimé une source diplomatique française. “Nous leur avons fait des conditions financières intéressantes. On devrait y arriver. Dans la semaine. Mais tant que ce n’est pas signé, ce n’est pas signé”, a déclaré la même source.

Le quotidien Les Echos a assuré vendredi que les deux pays étaient sur le point de conclure un plan de financement pour la vente de 24 avions, ainsi que d’une frégate multimission FREMM, un marché évalué autour de 5 milliards d’euros au total.

Jusque-là, l’avion de chasse, fer de lance de la défense française et outil de souveraineté du pays, n’a jamais trouvé preneur à l’étranger, en dépit des qualités indéniables dont il a fait preuve en opération (Afghanistan, Libye, Mali et Irak).

Il y a donc urgence pour Dassault Aviation et l’Etat français, qui se doivent d’assurer le maintien de la cadence minimale de production du Rafale, fixée à 11 appareils par an.

L’armée française en a commandé 180 exemplaires, dont 137 ont été livrés à ce jour. Elle doit prendre livraison de 26 appareils supplémentaires aux termes de la loi de programmation militaire (LPM) couvrant la période 2014-2019.

La différence doit revenir, aux termes de la LPM, à des “livraisons à l’exportation également prévues permettant d?atteindre une cadence de production satisfaisante”.

“Le fait d?avoir une vente à l’export est important car cela ouvrira la porte à d’autres ventes” à l’étranger, explique Philippe Plouvier, du Boston Consulting Group. Cela permettra aussi “de continuer à abonder la ligne d’assemblage de l’avion et au-delà d’assurer une charge à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement”, poursuit cet expert du cabinet de conseil en stratégie.

– Une chaîne de production difficile à relancer –

L’enjeu est crucial pour Dassault et les groupes associés à la production de l’appareil, l’électronicien de défense Thales et le motoriste aéronautique Safran, ainsi que les 500 entreprises françaises sous-traitantes.

Car une fois arrêtée, la chaîne de production ne peut être facilement relancée.

Dans ces conditions et si “le pari” de l’exportation du Rafale n’est pas gagné, le patron de Dassault Eric Trappier a indiqué jusque-là compter sur la clause de révision de la LPM, prévue avant la fin 2015, pour maintenir cette cadence de production.

Paris prévoit une cinquième tranche de production du Rafale, mais celle-ci ne devrait pas dépasser 45 exemplaires, soit une flotte de 225 avions au total pour l?Armée de l’air et la Marine.

Mais pour M. Plouvier, “cette solution n’est pas totalement pérenne, car on n’achètera pas plus de Rafale que ce dont on a besoin à terme. La solution la meilleure et la plus pertinente est bien de le vendre à l’export de façon à pérenniser dans la durée la production du Rafale”.

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à Toulon le 16 janvier 2015 (Photo : Anne-Christine Poujoulat )

Au-delà de l’avion de chasse, c’est l’ensemble de l’édifice de la LPM qui est en jeu, avec plusieurs programmes d’achat de matériel militaire prévus ou en cours, dans un contexte budgétaire toujours aussi tendu.

Le ministère prévoit en effet d’acquérir des avions ravitailleurs MRTT, de transport militaire A400M, des drones, des frégates FREMM, des sous-marins Barracuda, des blindés multirôles de nouvelle génération, des hélicoptères?

“Les budgets ont du mal à faire face à la fois aux besoins de nouveaux équipements et au maintien en condition de ce qu’on vient d’acheter”, souligne Philippe Plouvier.

“Si des économies devaient être faites, elles le seront sur d’autres équipements ou via l’étalement d’autres programmes”, poursuit-il.