Austérité et dette : l’heure de vérité entre Athènes et la zone euro

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[11/02/2015 10:35:16] Bruxelles (AFP) La zone euro, emmenée par l’Allemagne, se préparait mercredi à une confrontation avec la Grèce qui veut tourner la page de l’austérité et alléger sa dette, ce que refuse en l’état ses créanciers, avec le risque en cas d’échec de précipiter le pays vers la sortie.

Au lendemain d’un G20 finances à Istanbul et du vote de confiance au Parlement grec, les antagonismes sont plus forts que jamais entre Athènes, qui veut à tout prix en finir avec la tutelle de ses créanciers (UE, BCE et FMI), et une zone euro irritée par les demandes du nouveau gouvernement de gauche radicale.

La réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro, qui devait débuter à 17H30 (16H30 GMT), s’annonce tendue. Le ministre grec Yanis Varoufakis comme son homologue allemand Wolfgang Schäuble partent de positions difficilement conciliables, souligne un responsable européen.

“Le problème est qu’on ne sait pas quelle est la part de stratégie et la part de négociation”, a-t-il souligné.

Mardi, le ton est monté entre Athènes et Berlin, M. Schaüble prévenant qu’il n’entendait pas “négocier de nouveau programme” d’aide. “Nous en avons déjà un”, a-t-il rappelé, en faisant référence au deuxième plan d’aide de 130 milliards d’euros dont la Grèce a bénéficié en 2012 et dont elle ne veut plus, quitte à renoncer à un versement de 7,2 milliards.

A la place, Athènes souhaite la mise en place d’un “programme-relais” jusqu’en septembre, dans lequel la Grèce respecterait 70% des engagements de réformes déjà passés avec ses créanciers. Les 30% restants seraient remplacés par une série de réformes à élaborer avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Son secrétaire général, Angel Gurria, doit être reçu mercredi par le Premier ministre Alexis Tsipras.

– L’ombre du Grexit –

Pour son financement immédiat, la Grèce aimerait récupérer 1,9 milliard d’euros dû par la BCE, et augmenter son plafond d’émissions d’obligations à court terme, selon les détails du plan qui filtrent depuis plusieurs jours.

Mais les Européens veulent convaincre Athènes de demander une extension du programme actuel, avant d’envisager des solutions pour alléger la dette (qui représente près de 175% du PIB). La décision doit être prise au plus tard le 16 février, lors d’une nouvelle réunion de la zone euro, car plusieurs parlements nationaux doivent donner leur aval, en Allemagne et en Finlande notamment.

C’est dans ces pays, tenants de l’orthodoxie budgétaire, que les demandes grecques passent le moins bien. “Manifestement, les pays du nord ne se montrent pas du tout affectés, ni préoccupés par la perspective d’une sortie de la Grèce de la zone euro”, confie une source proche des discussions.

Même les soutiens de la Grèce commencent à se montrer agacés. Le président de la Commission européenne et ancien patron de la zone euro, Jean-Claude Juncker, aurait traité en coulisses M. Tsipras “d’étudiant en première année de médecine qui veut réaliser une opération à c?ur ouvert”, selon une source européenne. Les deux hommes se sont entretenus mardi par téléphone.

Dans ce contexte, la Commission européenne ne cache pas son scepticisme quant à l’idée de trouver un accord cette semaine. “Il faut que les Grecs demandent une extension, ou on va dans le décor”, confirme une source proche des discussions.

Les Grecs semblent toutefois prêts à des concessions sémantiques: “Nous parlerons d’un financement-relais”, les Européens “l’appelleront +extension technique+”, a avancé une source au ministère des Finances grec, tablant sur une solution permettant à chaque partie de sauver les apparences.

Le dossier grec s’invitera également jeudi au sommet européen à Bruxelles. Le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, rendra compte de la situation devant les dirigeants européens, avant la réunion du lundi 16, vue pour beaucoup comme celle de la dernière chance.