Suisse : les stations de ski cassent les prix pour sauver leur saison

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à Saint-Moritz (Photo : Dimitar Dilkoff)

[11/02/2015 16:14:45] Genève (AFP) Le ski soldé, toute l’année: afin d’éviter une avalanche d’annulations après l’envolée du franc suisse à la mi-janvier, plusieurs stations helvètes ont décidé d’agir rapidement en proposant des offres au rabais censées séduire les touristes étrangers.

Après un début de saison d’hiver difficile en raison des caprices de la neige, pas question pour ces stations alpines de rester inactives: “à situation extraordinaire, mesures extraordinaires”, s’exclame Berno Stoffel, directeur de l’office de tourisme de Grächen dans le Valais (sud).

En accord avec la majorité des entrepreneurs locaux, la station a adopté un taux de change fixe de 1 euro pour 1,35 franc (contre 1,05 actuellement) pour la période allant du 7 mars au 12 avril, propice aux touristes étrangers, soit davantage que le taux plancher d’1,20 CHF en vigueur avant son abandon par la Banque nationale suisse (BNS).

“Nos retours sont excellents. Nous avons même davantage de monde que l’an dernier!”, s’amuse auprès de l’AFP M. Stoffel qui entend renouveler cette action l’hiver prochain.

Même son de cloche du côté de Verbier, appréciée de la jet-set. Impossible d’échapper à l’offre de la station valaisanne qui s’affiche en rouge vif sur son site: “Verbier adapte ses prix en fonction du franc fort. Pour toute nouvelle réservation d?un séjour, bénéficiez de nombreux rabais!”.

– Chiffre d’affaire en recul –

“Bien sûr que la décision nous embête car notre chiffre d’affaire va baisser avec des charges constantes, mais nous n’avions pas le choix”, déclare pour sa part Jacques Nantermod, directeur des remontées mécaniques de Morgins. Sa station, frontalière avec la France et affiliée au domaine des Portes du Soleil, un des plus grands domaines skiables du monde avec ses 425 km de pistes, a également décidé de baisser ses prix de 15% au surlendemain de la décision de la BNS.

Du jour au lendemain, le forfait journalier avait bondi de 20% pour les touristes européens, obligés de débourser 60 euros au lieu de 50, de quoi les faire glisser vers les stations françaises voisinnes.

“Quelques centaines de mètres nous séparent de la frontière, nous ne pouvons pas avoir deux tarifs différents en proposant le même produit”, explique-t-il. “Cela peut être délicat à long terme mais on ne peut pas réduire la sécurité (en supprimant des postes, NDLR). Il va donc falloir mettre la pression sur nos fournisseurs”.

Désormais, les skieurs payent à nouveau le même prix des deux côtés de la frontière franco-suisse.

Ces stations semblent satisfaites de leur décision, qui leur permet de rester compétitives avec leurs voisines françaises ou autrichiennes et d’éviter un repli considérable.

Comparé à l’an dernier, le nombre d’hôtes et le chiffre d’affaires en janvier sont en recul de respectivement 15,1% et 5,8%, a annoncé le président des remontées mécaniques suisses Dominique de Buman.

“Les vacances de février seront décisives quant à la possibilité de rattraper ou non le retard d?ici la fin de la saison”, a-t-il estimé.

“Si le cours du franc reste durablement élevé, il faut s’attendre cette saison déjà à un fort recul du nombre d’hôtes étrangers dans les montagnes suisses”, a-t-il dit, rappelant “qu’un client sur deux des remontées mécaniques de notre pays vient de l?étranger”.

– Se recentrer sur les Suisses ? –

La hausse du franc début janvier pénalise en effet l’exportation des entreprises suisses, aux produits devenus 15 à 20% plus chers pour les acheteurs étrangers. L’institut de prévisions BAKBasel s’attend même à une brève récession avec une contraction du PIB de 0,2%.

Pourtant, certains tentent de résister à la tentation de baisse des prix, quitte à changer leurs habitudes.

C’est le cas du canton du Valais qui préfère s’orienter “vers une clientèle plus sensible à la qualité et aux services qu?aux prix”.

Les Suisses représentent “seulement 52% des hôtes du Valais” et vont à présent constituer sa cible prioritaire: “près de la moitié des Suisses sondés ne sont que très rarement, voire jamais venus en Valais. Il y a donc là un fort potentiel”, estime Damian Constantin, Directeur de Valais/Wallis Promotion.