Les exportations de vins entravées par la faiblesse des récoltes

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concurrence internationale (Photo : Jeff Pachoud)

[11/02/2015 17:59:27] Paris (AFP) Pour la 4e année consécutive, les exportations françaises de vins et spiritueux ont dépassé en 2014 les 10 milliards d’euros mais le manque de disponibilité dû à de petites récoltes et au mauvais temps inquiète les professionnels face la “très forte” concurrence internationale.

La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français (FEVS) qui affiche la “troisième meilleure performance historique” à 10,8 milliards d’euros (l’équivalent de 140 Airbus), a noté mercredi un repli du chiffre d’affaires de 2,8%, reflétant la baisse des ventes en volumes et en valeur.

“Cette situation s’explique principalement par la faible disponibilité de nos produits, compensée en partie par la hausse des prix. Mais celle-ci peut fragiliser nos positions sur certains marchés” prévient Christophe Navarre, le président de la FEVS .

Les exportations de vins (61% du total) ont diminué de 3,3% et encore la bonne santé du champagne qui totalise un tiers des exportations (143 millions de caisses de 12 bouteilles, +5,2%) a-t-elle limité la casse. Champagne, Cognac, Bordeaux et Bourgogne assurent les deux-tiers des ventes (en valeur).

Celles des spiritueux ont baissé de 1,6% avec une perte sévère pour le Cognac (-4,6%) après trois années record, due à la Chine et sa politique anti “bling bling” qui bride les consommations ostentatoires et affecte aussi les grands Bordeaux.

Sur l’ensemble, 20 pays assurent 87% des exportations (9,4 milliards d’euros), Etats-Unis en tête avec une reprise du marché américain (plus de 2 milliards d’euros, +4%) tandis que le Royaume-uni, qui sert notamment de plateforme de redistribution vers la Chine et l’Asie, baissait de 10%.

“Mais en vins, le poids de l’Union européenne domine, qui reste la principale région de consommation au monde”, nuance M. Navarre. Devant la Chine, au 4e rang des acheteurs en volume et au 6e en valeur, avec 423 millions d’euros.

Elle reste aussi le premier marché du Bordeaux malgré un repli des ventes de 17,5% en valeur et limité à -9% en volumes, avec 60 millions de bouteilles expédiées.

“Le marché chinois murit avec un prix moyen de 4,50 euros la bouteille” précise Georges Haushalter, président du syndicat des négociants de vins de Bordeaux. Entre 2009 et 2011, avec la flambée des prix du Bordeaux, explique-t-il, “chacun s’est improvisé marchand de vin sans savoir toujours comment le commercialiser”. D’où des stocks engorgés qui pèsent aussi sur le marché.

L’expert relève par ailleurs l’arrivée de nouveaux acheteurs, comme la Corée du Sud (+20%) et les Emirats arabes unis (+24%).

– Trop peu, trop chers –

Ces derniers enregistrent la plus forte augmentation des ventes en 2014 (+31%) et intègrent le top 15. “Principalement grâce aux compagnies aériennes qui achètent de grands vins” expose Louis-Fabrice Latour, PDG de la Maison Latour, important négociant-éleveur de vins de Bourgogne.

Sa région, qui représente 10% des exportations de vins français, a vu ses exportations baisser de 12% et M. Latour affiche son “inquiétude après l’accumulation de petites récoltes” – 1,8 million hl en 2014. “Il nous faudrait deux bonnes récoltes pour refaire les stocks” estime-t-il.

Le Bourgogne attire toujours mais devient trop cher, reconnait-il. “On sent une vraie réticence sur certains marchés”. Ainsi vers l’Angleterre (plateforme de réexportation vers l’Asie) les exportations ont baissé de 28%.

“On manque de bouteilles sous le seuil psychologique des 10 dollars ou 10 euros, ça nous complique la vie” poursuit-il. “Et on a raté des ventes parce qu’on n’avait pas les vins: il faut planter”.

Enfin au sud, dans le Languedoc, la faible récolte depuis deux ans inquiète aussi le négoce: autour de 12 millions hl en 2013 contre 17 à 18 millions il y a 5 ou 6 ans, assure Antoine Leccia, PDG d’AdVini, important négociant. Les ventes de vins sans indication géographique ont baissé de 7 à 8%, détaille-t-il. En revanche, “les AOP (Appellation d’origine protégée) augmenté de 10% et celles de Rosé de Provence, de 25%.

Pour les négociants, cette faible disponibilité constituera encore un frein en 2015 avec des stocks au plus bas, conclut Christophe Navarre. Si la baisse de l’euro est un point positif, “les clients étrangers attendent de voir nos prix revenir à plus de normalité”.